Île de Sein

By CR

S’écrivant en breton Enez-Sun, elle a donné son nom à la commune de l’Île-de-Sein. Elle se situe dans le Finistère, en Bretagne. Elle est une île sans voiture.

L’étymologie du toponyme Sein est discutée. Il serait peut-être un nom théophore issu d’une divinité.

Selon une légende des sirènes bretonnes appelées les « Marie Morgane » auraient vécu dans ses eaux. Les Marie-Morgane sont des fées d’eau semblables à des femmes qui partagent la symbolique des sirènes. Elles font partie du patrimoine légendaire de la Bretagne, habitantes d’une beauté qui émerveilla toute l’île d’Ouessant.

Un dicton sur l’île est connu de tous les marins : « Qui voit Sein, voit sa fin ». Celui-ci fut créé afin de prévenir les marins de l’existence de dangereux récifs autour de l’île.

Une forte tradition du chant s’y est aussi maintenue. Des jeunes et moins jeunes se rassemblent pour exécuter ensemble des chants de marins et chansons locales.

Le chant est un moyen de socialisation valorisé dans la culture sénane, dont en témoigne l’organisation en 2013 et 2015 de l’évènement La Nuit de l’Île, nuit blanche animée par 110 musiciens et chanteurs, ainsi que la participation aux Joutes musicales de Molène ou la création de l’association Inizi qui organise des concerts et spectacles sur les îles du Ponant.

Histoire :

Comme ailleurs en Bretagne, les hommes du néolithique dressèrent les plus anciens monuments de l’île de Sein. Sur l’île principale, les deux menhirs classés monuments historiques, dits Les Causeurs, sont encore présents sur la place de l’Église. Ils faisaient partie d’un ensemble qui comprenait le tumulus du Nifran. Quatre menhirs, dits Beg Kae Beran, Meneiou, Délivrande, furent également signalés. Le site de la digue du port révéla de même des vestiges de sépultures.

Le terme « Sena », pour l’île de Sein, fut attribué au géographe romain du 1er siècle Pomponius Mela qui écrivit : « Sein est célèbre par l’oracle d’une divinité gauloise. On prétend que cet oracle est desservi par neuf prêtresses sanctifiées par le vœu de virginité perpétuelle ». Les Gaulois, eux, appelaient ces sortes de vestales « Cenes » ou « Senes » qui se vantaient de prédire l’avenir par inspiration divine, d’évoquer les morts ou de déchainer les vagues et les vents.

L’île fut habitée avant le druidisme gaulois, de par ses menhirs et ses dolmens présents. Il est possible que les Romains aient, à partir de la pointe du Van, poussé une reconnaissance, puisque des vestiges de l’époque romaine y furent également retrouvés.

Les naufrages dans ses parages furent très nombreux. Le sauvetage en mer dans ces parages dangereux est d’ailleurs assuré depuis 2017 par le canot tous temps de la SNSM, l’Yves et François Olivaux (SNS 001). L’île fut la première station des côtes françaises à recevoir un exemplaire de cette nouvelle génération de canot. Le bateau précédent Ville de Paris, mis en service en 1980, fut construit par un financement de la mairie de la capitale. Jacques Chirac, maire de Paris de l’époque, vint en personne sur l’île assister au baptême du navire. Et le patron du canot de sauvetage de l’île de Sein est François Spinec, aussi dernier pêcheur de l’île.

En 1756, la coïncidence d’une grande marée et d’une tornade faillit dévaster l’île.

Vers 1880, une épidémie de choléra sévit sur l’île. À la même époque, le peintre Émile Renouf y peignit lors d’une visite son tableau La veuve de l’Île de Sein. Avant cette épidémie, les coiffes traditionnelles étaient blanches, la coiffe de deuil devint alors la coiffe courante, soit noire avec les ailes relevées sur le dessus de la tête. Par la suite, une Sénane (gentilé) en deuil se distingua à sa façon de porter sa coiffe, c’est-à-dire les ailes rabattues à l’intérieur.

En 1830, la mer envahit l’île en plein jour.

La tempête des 4 et 5 décembre 1896, recouvrit les terres immergées et une partie des maisons furent inondées et évacuées. L’île fut pratiquement couverte par la mer.

Une inscription en breton se trouvant dans l’église indique que lors de sa construction entre 1898 et 1901 « les hommes ont extrait la pierre de la grève et les femmes l’ont transportée sur leur tête jusqu’ici ».

En 1919, lors d’une tempête mémorable, les déferlantes recouvrirent l’ensemble de l’Île.

Le 18 avril 1940, un ouragan engloutit cinq bateaux de Sein et deux de Camaret-sur-Mer.

Dès la déclaration de guerre contre l’Allemagne, environ 230 mobilisés quittèrent l’île. La plus grande partie d’entre eux étant inscrite pour servir dans le domaine maritime, ils furent affectés dans la marine nationale. Cette mobilisation bloqua environ 40 % des bateaux de pêche de l’île.

Le 19 juin 1940, le bateau de charge de type dundee, construit en 1939 au chantier Joseph Keraudren de Camaret dans le port du Finistère à l’extrémité ouest de la Bretagne, Ar Zenith, qui effectuait la traversée Audierne – île de Sein, embarqua 21 jeunes du Cap-Sizun qui souhaitent continuer à se battre en Grande-Bretagne et 8 chasseurs alpins qui avaient ordre de rejoindre Ouessant. Ce bateau fut alors réquisitionné par le lieutenant Dupont pour convoyer les militaires vers Ouessant. L’équipage se porta volontaire pour les emmener en Angleterre le 21 juin 1940. Le 22 juin, les Sénans rassemblés devant un poste de radio entendirent l’Appel du 18 juin, rediffusé sur la BBC. Deux bateaux quittèrent l’île le soir même avec 90 personnes dont 57 îliens à leur bord. Le 26 juin, trois bateaux de pêche suivirent avec 57 autres îliens.

En tout 128 îliens, civils et militaires, se retrouvèrent en Angleterre, fin juin 1940. Ils signèrent leur engagement dans les Forces Navales Françaises Libres (FNFL) du général De Gaulle.

Le 6 juillet 1940, passant en revue ses premiers volontaires réunis à l’Olympia Hall de Londres, Charles de Gaulle fut frappé par le nombre des Sénans présents. Il aurait alors prononcé cette phrase historique : « L’île de Sein est donc le quart de la France ! »

Le 5 octobre 1943, les Sénans furent rejoints par les cinq hommes de l’Yvonne-Georges. Ils totalisèrent 133 à être partis en Angleterre. 18 d’entre eux, engagés dans les FNFL, moururent au combat.

Le 4 août 1944, les Allemands quittèrent l’île après avoir détruit le grand phare de Goulenez et la tour du Guéveur.

En octobre 1944, un groupe des Forces françaises de l’intérieur (FFI) de l’île s’enrôla dans l’armée régulière pour contenir les poches allemandes de Lorient et de St Nazaire.

Les engagés sénans de la première heure ne revirent leur île qu’à l’été 1945.

Leur engagement fut récompensé par trois médailles, soit la croix de la Libération, la croix de guerre 1939-1945 et la médaille de la Résistance, faisant de l’Île-de-Sein la commune de France la plus titrée de la Seconde Guerre mondiale. Elle est d’ailleurs la seule commune de France à compter plus de morts militaires durant la Seconde Guerre mondiale, 27 morts, que durant la Première, 21 morts.

Géographie :

Située dans le Sud-Est de la mer Celtique, elle est à 7,20 kilomètres à l’ouest de la pointe du Raz, dont elle est séparée par le raz de Sein, et à 23 km d’Audierne à vol d’oiseau.

D’une superficie de 0,56 km2, elle s’étend sur 1,8 km et serpente comme un S inversé avec une largeur de 30 à 800 mètres. Elle est entourée de nombreux récifs et rochers ainsi que de l’îlot Kélaourou, situé dans le prolongement sud-est de l’île. Le rocher du Kador de 15 mètres est son point culminant avec une altitude moyenne de 1,5 mètre.

S’étendant à l’est de la chaussée de Sein, dont elle constitue le point le plus élevé, elle émerge à peine du niveau de la mer et subit ainsi fréquemment des submersions marines. L’habitat y est de ce fait resserré et regroupé autour du port pour faire front aux éléments. Les ruelles étroites s’entremêlent pour que s’y perdent les vents et les embruns.

Le phare de la Vieille, Ar Groac’h en breton, est le premier phare qui s’aperçoit en quittant Audierne pour s’engager dans le raz de Sein. La tourelle de la Plate, aussi appelée Petite Vieille, et la tourelle du Rocher du Chat, Men Ar C’Haz en breton, se dressent à proximité, un peu plus à l’ouest. Le phare de Tévennec se trouve vers le nord, puis le phare de Men Brial, à l’entrée du port de l’île. Le phare de Sein, la corne de brume du Guerveur, suivis des maisons du bourg, se situent au nord-ouest. Le phare d’Ar-Men, ou Ar Vered Né, « le nouveau cimetière », sur la Chaussée de Sein, à l’ouest, assure le quart.

Enfin, concernant sa faune et sa flore, elle comporte des plages de galets, des oiseaux limicoles qui y font leurs nids, notamment le grand gravelot, l’huîtrier pie et la sterne naine, aujourd’hui menacés. D’autres espèces d’oiseaux marins plus communs y sont observables, comme le grand cormoran, la sterne ou le fou de Bassan.

La musaraigne crocidura suaveolens enez-sizunensis, appelée la Crocidure de l’île de Sein, est la seule espèce de son genre à y être présente. Le genre Crocidura est une musaraigne, non une souris, dont la confusion est souvent faite. Les musaraignes sont des insectivores, mais non des rongeurs comme les souris.

Les lapins et les rats y ont proliféré jusqu’à poser problème. Les terriers des lapins accélèrent l’érosion et rendent difficile l’agriculture. Les rats endommagent le réseau électrique et les canalisations.

Des sociétés de chasse sont sollicitées tous les ans pour ralentir la reproduction des lapins et en 2018, une campagne de dératisation fut entreprise afin de réguler la population des rongeurs.

Le phoque gris, le grand dauphin, le congre, le homard et le maquereau sont les espèces marines les plus observées autour de l’île.

Cf. Wikipédia.

Commentaires

Articles les plus consultés