Le noisetier
By CR
Appelé aussi « coudrier » dans l’Ouest de la France ou « avelinier » dans l’Est et le Sud, spécifiquement dans les Vosges, le noisetier est un genre d’arbres et d’arbustes de la famille des Bétulacées, sous-famille des Coryloïdées, des régions tempérées de l’hémisphère nord. Son fruit, la noisette, est particulièrement apprécié de nombreux rongeurs, dont l’écureuil qui les stocke pour l’hiver, et de certains ours. Il est un arbuste forestier, la noisette pouvant alors être considérée comme un produit forestier non ligneux (1), et est également cultivé hors des forêts.
Il intéresse de même les trufficulteurs, puisqu’il peut vivre en symbiose avec la truffe (Tuber uncinatum), autre aliment très apprécié des écureuils et des sangliers, et il enrichit les truffières.
À l’ère Tertiaire, un ensemble continental englobe l’Amérique du Nord, le Groenland et le nord de l’Asie, jusqu’à la Sibérie et la Chine. Des noisetiers se trouvaient au Groenland.
Avant d’être un arbuste cultivé et d’ornement, il était une espèce sauvage ancienne, dont le pollen dans les diagrammes polliniques présentant des courbes très irrégulières étaient associées à des périodes de déglaciation ou de « mise en lumière » d’un milieu antérieurement boisé, à la suite d’incendies de forêt, de violentes tempêtes ou d’occupations humaines accompagnant des défrichements, avec ou sans mises en culture. Sa présence était dès le Néolithique.
Ces observations furent faites par divers botanistes dans le Jura, dans le Nord de l’Angleterre, au sud de l’Écosse et en Irlande. Les pics passés de pluies de pollens fossilisées dans les tourbières correspondent à des pics de pollens d’herbacées, de plantes typiquement héliophiles de milieux ouverts comme Calluna ou Pteridium, pouvant signer des modifications du milieu induites par des troupeaux d’herbivores, traces de pâturage, ou une déforestation d’origine humaine. Ces traces des pluies polliniques anciennes sont conservées dans les tourbières, dans le sol de certaines grottes et les sédiments lacustres. Un sondage palynologique des sédiments du lac de Remoray a d’ailleurs montré dans le Doubs une apparition de pollens de céréales concomitante à une augmentation de pollens du noisetier.
Il est une espèce typique des fruticées, où il est alors dominant en phase finale d’évolution, en forêts mixtes ou feuillues, en sous-bois assez bien éclairé, en lisières et clairières forestières. Il apprécie les sols riches. Il est un arbre monoïque, c’est-à-dire qu’il a des fleurs mâles et des fleurs femelles séparées. Elles sont minuscules et sans pétales. Les fleurs mâles sont très nombreuses et disposées en chatons, soit en épis pendants, jaunes.
Ainsi, cette protandrie ou protogynie est possible chez cette espèce, avec des variations significatives de durée entre l’ouverture des fleurs femelles et l’émission de pollen chez les variétés protogynes ainsi qu’entre la production de pollen et le moment de réceptivité à la fécondation des fleurs femelles chez les variétés protandres, selon la variété considérée. Les producteurs cherchent en conséquence à introduire des variétés à longue production de pollen dans leurs plantations.
L’étude de « pluies polliniques » montre une variation considérable de sa pollinisation en fonction de son emplacement et notamment de son environnement lumineux. Elle semble maximale dans les ouvertures de « petite taille », clairières ou chablis (2). Il faisait partie des premières espèces en Europe à remonter vers le nord après le recul des glaces. Le nombre de chatons et l’émission de pollen diminuent fortement en zone ombragée.
Les fleurs mâles et femelles ne s’ouvrent pas en même temps, évitant théoriquement l’homogamie, bien qu’en réalité, chez des noisetiers isolés, une reproduction homogame est parfois observée, permettant la production de fruits.
Le vent, la pluie, une sécheresse, une gelée tardive ou un sol inadapté peuvent affecter la production et attirer des parasites, comme l’acarien Eriophyes avellanae, appelé Phytopte du noisetier, et le coléoptère, dit Balanin des noisettes, qui attaquent les graines, les feuilles et les jeunes pousses. Des haies brise-vent et la présence de prédateurs des parasites facilitent la production.
Dans le lieu de culture, la noiseraie, les noisetiers sont élevés en arbre et alors taillés tels des pommiers de plein vent.
De nombreuses variétés sélectionnées dérivent presque toutes en Turquie, Corylus avellana, « à graines rondes », et Corylus maxima, « à graines ovales ». Certaines d’entre elles, dont la variété Badem, produisent des fruits longs de plus de 20 mm. Les teneurs en huiles, protéines et minéraux changent de quelques pourcents selon les variétés.
En 1970, la Turquie était la première zone de production avec 246 641 hectares consacrés à cette culture, soit à l’époque environ 60 % de la surface mondiale destinée à la culture de noisetiers, puis 70 % à 80 % de la production mondiale en 2005, devant l’Italie puis l’Espagne. La Turquie reste le premier producteur et exportateur mondial de noisettes. Environ 2 millions de personnes en vivent dans ce pays. Elles sont cultivées sur les bords de la mer Noire au nord-est du pays. D’autres pays producteurs et exportateurs au marché mondial de la consommation sont l’Azerbaïdjan, la Géorgie et les États-Unis, dans l’Oregon.
Corylus signifie « casque » en latin, référence à la forme des cupules, soit les bractées membraneuses et frangées qui entourent la noisette.
Le noisetier servait ou l’est encore à la production de noisettes, de matière première dans certains types de vannerie, à la fabrication de baguettes des sourciers et à l’alimentation animale.
La noisette ferait partie des oléagineux les plus riches en oméga 3 (utile contre le mauvais cholestérol), serait très riche en vitamine E (contre le vieillissement cellulaire), en fibres (contre le cancer du côlon), en cuivre (contre les rhumatismes et les maladies infectieuses), en fer (contre l’anémie), en magnésium (contre le stress), en phosphore (contre la fatigue intellectuelle) et en vitamine B.
L’huile de noisette aurait des vertus vermifuges chez l’enfant. Au 20è siècle, elle aurait été utilisée en application externe pour soigner les crevasses aux mamelons.
Le noisetier, comme la prêle des champs, servait aux Amérindiens iroquois d’Amérique du Nord à lutter contre les maux de dents.
Ses écorces et ses feuilles auraient des propriétés astringentes et antidiarrhéiques.
Des allergies aux noisettes fraîches ainsi qu’au pollen du noisetier sont avérées.
Le noisetier est le symbole de sagesse et de justice. Les Anciens lui attribuaient de nombreux pouvoirs magiques, dont celui de conférer la fertilité. Toujours pratiqué de nos jours, en rhabdomancie, l’usage d’une branche de noisetier taillée en fourche pour détecter l’eau souterraine remonte à l’époque des Celtes.
Enfin, dans le calendrier républicain, le noisetier était le nom attribué au 27è jour du mois de pluviôse, cinquième mois du calendrier républicain français correspondant à quelques jours près, selon l’année, à la période allant du 20 janvier au 18 février du calendrier grégorien. Il suit le mois de nivôse et précède ventôse. Sa floraison a donc lieu en hiver.
Cf. Wikipédia.
(1) Les produits forestiers non ligneux (PFNL), également appelés « produits forestiers autres que le bois », « produits forestiers secondaires », « mineurs », ou encore « spéciaux », sont des « biens d’origine biologique autres que le bois, dérivés des forêts, d’autres terres boisées et des arbres hors forêts », d’après la définition de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Il s’agit de substances, de matières premières ou de matériaux utiles obtenus des forêts sans exploitation forestière, c’est-à-dire sans la nécessité d’abattre des arbres. Ils englobent des animaux chassés comme gibier ou pour leur fourrure, des poissons, des fruits (baies, noix, etc.), des graines, des épices, des champignons, des feuilles servant au fourrage, des plantes médicinales, de la tourbe, entre autres. Les PFNL sont exploités dans presque quatre milliards d’hectares de forêts, sur environ 30 % des terres émergées, mais restent insuffisamment valorisés.
(2) Un chablis, masculin, singulier et pluriel identiques, est, en sylviculture, un bois abattu par le vent ou étant tombé de vétusté dans une forêt. Par extension, dans le domaine de l’exploitation forestière, il représente tout arbre malade ou mort, dont l’exploitation n’est pas planifiée dans l’aménagement.
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