Île de Trielen
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Appartenant à l’archipel de Molène, elle est située à 6,3 milles marins du Conquet et à 1,3 mille marin de Molène, dans le Finistère, en Bretagne. Elle dépend du territoire de la commune du Conquet.
Histoire :
Les fouilles archéologiques qui y furent menées révélèrent l’existence de monuments mégalithiques et un site occupé au cours du second âge du fer, entre 450 et 50 av. J.-C., avec notamment les traces d’un atelier de production de sel et des dépotoirs présentant des restes animaux variés et très bien conservés, permettant de mieux connaître le régime alimentaire des habitants à cette époque.
Au Moyen Âge, comme l’île de Béniguet, elle appartenait aux Comtes de Léon, puis à l’Abbaye de Saint-Mathieu.
Vers 1870, les industriels Pellieux et Mazé-Launay y installèrent une usine à soude et une autre sur l’île de Béniguet. Ces deux industriels inventèrent un nouveau modèle de four qui traitait 60 kg de goémon toutes les deux heures, les convertissant totalement en 3 kg de soude. Mais ce brûlage du goémon était très polluant en raison de l’abondance des fumées émises.
Le 27 décembre 1891, le journal La Lanterne évoqua le sort de ses habitants qui faillirent mourir de faim à la suite d’une tempête.
En 1893, une épidémie de choléra y sévit. Quatorze personnes moururent dans un groupe d’environ vingt-cinq, occupé à la fabrication de la soude.
En 1899, elle et ses îles avoisinantes, qui appartenaient jusque-là à la commune de Ploumoguer, furent annexées par la commune du Conquet.
Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, ses habitants parcouraient fréquemment à pied, à marée basse, le trajet, durant une heure et quart environ, jusqu’à l’île de Molène à travers les rochers et le goémon. Une marche analogue est organisée chaque année depuis 1990.
Elle accueillit une importante ferme, dont en témoignent aujourd’hui ses ruines et ses bâtiments, ainsi que les murets en galets qui délimitaient les parcelles cultivées.
De 1949 à 1955, elle fut exploitée par trois paysans goémoniers qui la cultivèrent et y élevèrent douze vaches. Entre 1954 et 1959, après l’abandon de cette activité agricole, elle fut utilisée comme centre de rééducation par le père Albert Laurent, à l’instar de l’île de Balanec. La mission du père Laurent était de « favoriser le reclassement de jeunes ayant eu des difficultés avec la société », grâce à la vie au grand air et aux travaux des champs. Plusieurs éducateurs se succédèrent sur place, dont MM. Masselin, Morin et Le Doyen. Leurs tentatives pour subsister sur les îles grâce à leurs productions propres se soldèrent par des échecs. « On ne mangeait pas tous les jours », se souvient Hubert de Boissieu, l’un des pensionnaires qui y séjourna quelques mois en 1957. Les îliens de Molène y voyaient parfois débarquer les jeunes colons qu’ils surnommaient les « bagnards ». « On voyait qu’ils vivaient mal », se rappelle Marcel Masson qui était à l’époque adolescent. Les pensionnaires dépérirent jusqu’à ce que le père de Jean-Claude Paul, alerté par une lettre de son fils, s’en inquiéta auprès du maire de Molène M. Bourlès. Ce dernier alerta alors la gendarmerie du Conquet, dont l’enquête eut pour conséquence un nouvel abandon des îles de Trielen et Balanec en 1957.
Cependant le père Laurent décida de renouveler l’expérience en confiant les centres à la garde du couple Dumoret. Celui-ci essaya tant bien que mal à l’aide de chevaux et de quelques têtes de bétail d’organiser sa subsistance, mais en vain. Un pensionnaire parvint à s’y échapper.
À la suite de la constatation de mauvais traitements par la police, des plaintes furent déposées par des parents, des particuliers ayant versé de l’argent et des créanciers. Le prêtre fut inculpé pour escroquerie par le parquet de Versailles. Au cours de son procès, l’abbé Laurent plaida son innocence et accusa le « responsable » du centre de Molène d’avoir « dilapidé les fonds destinés au ravitaillement et vendu les moutons ». Après un réquisitoire « ressemblant fort à une plaidoirie », le prêtre fut finalement relaxé par la 12e chambre correctionnelle de la Seine le 31 janvier 1959. Mais, ces révélations mirent un terme aux expériences et les centres furent définitivement fermés.
Le 7 février 1972, l’île abandonnée fut alors acquise par le conseil général du Finistère, dans le cadre d’une procédure d’expropriation se basant sur un arrêté de déclaration d’utilité publique du 8 novembre 1971. Depuis, elle est gérée par l’association Bretagne vivante SEPNB comme réserve naturelle nationale d’Iroise qui l’entretient et y protège la faune et la flore.
Géographie :
Bande de terre orientée sud-ouest / nord-est, elle s’étend sur 1 km pour une largeur maximale de moins de 300 mètres. Elle comporte un plan d’eau intérieur, dont l’eau est saumâtre.
Elle est accessible par deux plages situées à l’est. Celle de Porz au nord, près de l’île aux Chrétiens, et celle de Porz Douc’h au sud, protégée des forts courants de la passe de la Chimère par une avancée rocheuse exposée aux vents de sud. La majorité du trait de côte est constituée de galets, de toutes petites falaises meubles ainsi que d’affleurements rocheux et connaît une forte érosion par endroits.
Elle est recouverte par une végétation rase, essentiellement constituée de fougères et d’herbes grasses, à l’exception de quelques arbustes autour du corps de ferme ainsi que d’un figuier protégé par un muret de galets.
Cf. Wikipédia.
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