Île de Quéménès

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By CR

S’écrivant aussi île de Quéménez, ou Kemenez en breton, elle se situe au large du Finistère, en Bretagne. Appartenant à l’archipel de Molène, en mer d’Iroise, elle dépend de la commune du Conquet.

Histoire :

Comme les îles voisines, elle fut probablement occupée dès le Néolithique. Des menhirs et des chambres mégalithiques furent retrouvés. Une tombe fut découverte suite à la tempête du 10 mars 2008 sur le Lédénes de Quéménès. Elle fut datée entre 4300 et 4500 ans av. J.-C. lors d’une fouille par l’INRAP en septembre 2010, ce qui en fait le monument le plus ancien recensé dans l’archipel de Molène.

Des fouilles archéologiques permirent aussi de mettre à jour des pièces de monnaie datant du Moyen Âge. À cette même période, elle fut fréquentée par des goémoniers, dont la récolte servait à obtenir de la soude caustique, une fois brûlée dans des fours en pierre. Elle fut ensuite occupée par des paysans qui cultivèrent les arpents. Au plus fort de son exploitation, trente personnes vivaient sur place et une dizaine de maisons y existaient. À la fin du Moyen Âge, l’île appartenait à l’abbaye de Saint-Mathieu.

Sous l’Ancien Régime, elle fut soumise à des attaques britanniques récurrentes, dont celle de 1758 où le bétail présent fut saisi. Ces attaques pourraient notamment expliquer la découverte de quatre squelettes à son sud-est qui furent exhumés de la dune après la tempête du 10 mars 2008. L’enquête détermina que leur mort était antérieure à 1640 et que les munitions trouvées à leur proximité étaient utilisées entre 1617 et 1848 pour des « armes à feu à chargement par la bouche ».

À la fin du 19è siècle, son exploitation agricole semblait connaître de beaux jours malgré les conditions difficiles auxquelles elle était soumise. En 1899, elle fut mise en vente. La même année, elle et ses îles voisines faisant partie de la commune de Ploumoguer, furent annexées par la commune du Conquet.

Au 20è siècle, Madame Floc’h y passa 50 ans, dont 17 ans veuve, et mena l’exploitation agricole ainsi que la récolte du goémon à la belle saison. Elle avait jusqu’à une trentaine d’ouvriers sous ses ordres.

Le 5 juillet 1923, une partie de l’île fut achetée par Madame Levasseur. Le 20 juin 1958, une autre partie fut cédée par l’abbaye de Saint-Mathieu à François Kerlec’h. Entre-temps, la famille Tassin loua l’île à partir de 1953 puis l’acheta en 1960 à Madame Bellanger, pour l’occuper en permanence jusqu’à 1973.

L’exploitation agricole y fut la plus prospère de tout l’archipel de Molène. Elle se faisait sur 24 hectares de terre labourable, comptant jusque 10 chevaux, 12 vaches et porcs, des moutons et des volailles. Ce fut aussi un lieu privilégié pour la récolte du goémon, à tel point qu’une petite et éphémère usine d’iode y fut bâtie.

De 1996 à 2003, Marie-Thérèse Darcque-Tassin et son mari José Darcque entretinrent régulièrement l’île, pour leur famille, puis pour le compte du Conservatoire du littoral après son rachat en 2003, bénéficiant ainsi d’une nouvelle vie permanente jusqu’au décès tragique de José Darcque. Marie-Thérèse Darcque-Tassin et son fils y ont encore aujourd’hui la jouissance d’une petite maison.

Au printemps 2007, Soizic et David Cuisnier, sélectionnés après un appel à projets, s’y installèrent. Le couple et leurs deux enfants la quittèrent à la fin de l’année 2017. Venus en Bretagne pour leurs études, ils fondèrent une famille, montèrent une entreprise agricole viable et y gérèrent une maison d’hôtes.

Depuis 2018, l’île est louée aux anciens ingénieurs Amélie et Étienne qui se sont lancés dans le projet d’y vivre en totale autonomie. Ils cultivent pommes de terre, échalotes et ail qu’ils commercialisent ensuite sur les marchés pour se rémunérer. Au quotidien, ils entretiennent la ferme, possèdent des brebis et vivent grâce à une éolienne et un toit équipé de panneaux solaires. Le 8 avril 2020, ils apparurent dans l’émission de télévision française « Nos terres inconnues » avec Nicole Ferroni et Raphaël de Casabianca, émission de France 2 dans laquelle ils acceptèrent de présenter leur projet.

Après son acquisition en 2003 par le Conservatoire du littoral, un projet fut développé dans le cadre du programme Interreg*. Il associe l’exploitation maraîchère, notamment les pommes de terre, l’élevage de moutons et de volailles, et l’accueil du public, par le biais de chambres d’hôtes et d’actions d’éducation à l’environnement marin. Le Conservatoire du littoral choisit ainsi Soizic et David Cuisnier pour y vivre et gérer cette exploitation. Mais, le couple ne l’habite pas de façon permanente, faisant quelques semaines de relâche sur le continent en hiver.

Après la rénovation de quelques-uns de ses onze bâtiments et son équipement en matériel fournissant de l’énergie renouvelable (panneaux solaires et éolienne) et permettant l’utilisation de l’eau (puisée ou récupérée par la pluie), ainsi que la phyto-épuration et par le prolongement de l’estacade (jetée à claire-voie) existante, l’activité démarra à l’été 2008.

Le 18 juillet 2008, elle reçut la visite de la secrétaire d’État à l’Écologie Nathalie Kosciusko-Morizet et la ministre de la Justice Rachida Dati lors d’un déplacement dans le Finistère pour parler des écosystèmes marins et de la répression des pollutions marines.

La ferme insulaire totalise deux tracteurs, un véhicule électrique et une petite vedette en aluminium pour rejoindre Molène ou le Conquet. La production de pommes de terre, qui était d’environ 10 tonnes en 2010, est distribuée dans les commerces du continent ou expédiée en vente par correspondance par la Poste de Molène. Une serre fut placée dans une étable sous un toit transparent, dans laquelle poussent des tomates, des laitues et du persil pour la table d’hôtes. La ferme est viable sur le plan économique.

L’électricité est ainsi fournie par une éolienne et 80 panneaux solaires, ces derniers prenant le relais dès l’arrivée des beaux jours.

*La coopération territoriale européenne, sous le nom d’Interreg, est un instrument de financement créé dans le cadre de la politique européenne de cohésion, dans le but de renforcer la coopération entre les régions d’Europe par le biais du financement de projets.

Géographie :

Elle se situe à 2 milles marins de l’île de Molène. Elle mesure 1,6 km de long et 400 mètres de large. Elle se trouve à peine à neuf kilomètres du continent européen. Hormis un figuier, aucun arbre n’y pousse. Elle possède un loch, est remplie de galets, de varech, d’oiseaux marins et de milliers de lapins. Sa superficie de 26 hectares fut toujours fréquentée. Une île plus petite, Léménez Quéménez, ou le Lédénes de Quéménès, lui est souvent associée, les deux îles étant reliées par un cordon de galets émergé à marée basse.

Sa surface est partagée entre 50% de prairies (concordant aux parcelles ayant été cultivées ou pâturées), 25% de terrains en friche (grandes fougères, ronces…), 10% de pelouses aérohalines périphériques, des cristes marines (fenouil marin) poussant sur les galets, des salicornes (localement) et d’autres plantes sub-halophiles.

Cf. Wikipédia.

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