Archipel des Ébihens

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Petit archipel français, il prolonge la presqu’île de Saint-Jacut-de-la-Mer. Son rocher principal d’une superficie de 20 hectares, dont le sommet culmine à 17 mètres d’altitude, représente l’une des quelques îles privées de Bretagne. Celle-ci est occupée principalement en été.

Son non Ébihens est issu du breton Enez Bihan, signifiant « petite île ».

Histoire :

Une légende veut que son isolement, datant du raz-de-marée qui aurait détruit la forêt de Scissy, forêt mythique située dans la baie du mont Saint-Michel, en 709, et les plages qui l’entourent étaient alors recouvertes d’arbres et d’herbus. Or, pour les historiens et scientifiques, la montée des eaux ne date pas de 709, mais de plus de 10 000 ans, à la fin de la dernière glaciation.

Des fouilles entreprises mirent à jour des vestiges attestant d’une occupation gauloise dès le second siècle avant notre ère. Un petit village coriosolite y fut érigé à sa pointe Sud. Au nord, sur l’un des îlots des Haches, une petite nécropole de l’âge de fer, à laquelle succéda un fanum gallo-romain, fut découverte. Sur l’îlot de la Loge, massif rocheux menant à un plateau dunaire couvert à marée haute et menant lui-même à l’île principale, des fouilles archéologiques permirent de découvrir les traces d’un atelier, dont l’activité était la fabrication de pains de sel. Son utilisation permettait aux habitants de transformer une matière abondante, l’eau de mer, en un produit fini obtenu par évaporation forcée. Les hommes qui y vécurent étaient de véritables « bouilleurs d’eau de mer ». Utilisant des fours circulaires pour l’évaporation forcée, l’artisan saunier versait dans des récipients une saumure concentrée qu’il faisait ensuite bouillir au-dessus de la braise de façon à récupérer les cristaux de sel et en faire des pains. L’atelier des Ébihens produisait des pains pouvant peser jusqu’à 3 kg. Il est probable que cette petite communauté pouvait retirer de la mer, toute proche, l’essentiel de ses besoins en nourriture, complétée sans doute par une culture maraîchère sur des herbus aujourd’hui devenus plages sablonneuses.

En 1694, Vauban ordonna l’édification d’une tour sur l’îlot principal, propriété du capitaine garde-côte du littoral de Saint-Malo le comte Louis de Pontbriand. La tour et son enceinte en mur de pierres furent édifiées sur les plans et sous la responsabilité de l’ingénieur en chef et directeur des fortifications de Saint-Malo Siméon Garangeau. Elle fut achevée en 1697. Cette construction fut notamment financée par un impôt perçu sur les prises de maquereaux réalisées lors de certains jours de fêtes chômés. Elle fut inscrite à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 15 juillet 2010.

La chapelle de l’ « Ange gardien », construite en 1699, fut un lieu de culte fréquenté par les divers habitants qui se succédèrent sur l’îlot. Elle fut construite pour l’usage des ouvriers de la tour et vint remplacer la petite chapelle très ancienne et effondrée qui donna à la plage sud son nom de « plage de la Chapelle ».

À la Révolution, l’abbaye alors en déshérence, fut saccagée et pillée. Après la dispersion des biens du clergé le 2 septembre 1789, les Ébihens furent vendus le 29 avril 1791, lors de la vente de biens nationaux pour une somme dérisoire à l’un des capitaines de course de Robert Surcouf Jean-Georges Michel.

Au fil du temps, ce bien sans valeur et à l’époque fort peu considéré, fut transmis à Pierre-Henri Gauttier, père de Pierre-Henry Gauttier Du Parc. Ce ne fut qu’au début du 20è siècle que l’île commença à être boisée par la famille Peynaud. Elle était jusqu’alors une lande battue par les embruns, mais néanmoins suffisamment fertile pour y abriter une ferme.

Le 19 juin 1940, la copropriétaire, nièce de Jean de Lattre de Tassigny qui allait 5 ans plus tard signer la capitulation de l’Allemagne nazie, Yvonne Peynaud y recueillit et hébergea le capitaine Kœnig et six de ses compagnons, tous officiers de la 13è demi-brigade de la Légion étrangère qui refusaient de « cesser le combat » comme l’avait demandé Pétain dans son discours de la veille. Le lendemain, elle facilita leur fuite vers les îles anglo-normandes, juste avant une inspection de la maison par des feldgendarmes basés à Saint-Jacut. Ces officiers continuèrent la guerre et moururent au combat. Seul survivant, le capitaine Kœnig revint plusieurs fois rendre visite à Madame Peynaud.

Aujourd’hui, cette propriété privée est partagée entre cinq propriétaires, majoritairement descendants directs et indirects de Jean-Georges Michel. Ils veillent à ce que ce site naturellement protégé par son insularité perdure pour les générations futures.

Autre :

Une partie de l’archipel est accessible à pied à marée basse avec les risques de noyade que cela comporte en cas de retour tardif.

L’île principale est entièrement privée. Cependant, ses habitants laissent volontiers un accès de visite individuelle et gratuite par le chemin central allant du sud au nord de l’île. Il est recommandé aux visiteurs de ne pas déborder de ce chemin central afin de préserver la faune et la flore variées et les dunes, ainsi que la quiétude de ce lieu très préservé, qui par choix, n’est pas à ce jour clôturé. À ce titre, l’archipel offre un biotope favorable à la vipère pléiade, la prudence s’impose donc.

Une randonnée peut s’y pratiquer uniquement à marée basse. La cueillette n’y est pas permise et les chiens y sont tenus en laisse tout le long.

La situation de l’archipel dans le couloir aérien de l’aéroport de Dinard-Pleurtuit et sa Protection à l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN) interdisent le survol en drone. L’îlot de la Colombière est une réserve ornithologique dont l’accès est réglementé.

Cf. Wikipédia.

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