Île-de-Bréhat

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Commune française située dans le département des Côtes-d’Armor, au nord de la pointe de l’Arcouest, en Bretagne, elle est constituée de l’archipel de Bréhat à l’exclusion de l’Île Maudez. Elle doit son nom à l’île principale, Bréhat. Appartenant au pays historique du Goëlo, elle est rattachée au canton de Paimpol, arrondissement de Saint-Brieuc. Sa forte fréquentation saisonnière a imposé une limitation à son accès à 4 700 visiteurs par jour du 14 juillet au 25 août à l’instar d’autres sites pouvant nécessiter une régulation.

Histoire :

À 2 km de la pointe de l’Arcouest, au nord de Paimpol, Bréhat est au centre d’une dizaine d’îlots où des traces d’occupation datant du paléolithique moyen ont été trouvées. Un site habité au gravettien, datant de 23 000 avant J. C., a été découvert à Plasenn-al-Lomm, au pied d’une falaise, notamment des traces d’une hutte de 4,5 mètres de diamètre adossée au rocher. D’autres traces d’occupation de l’île datent de la période gallo-romaine.

La paroisse de Bréhat, enclavée dans l’évêché de Saint-Brieuc, faisait partie du doyenné de Lanvollon relevant de l’évêché de Dol et était sous les vocables de saint Samson et Notre-Dame.

Vers 418, Fragan, un parent de Conan Mériadec venant de Grande-Bretagne, aurait débarqué à Bréhat avec sa famille et ses domestiques, avant d’aller s’installer à Ploufragan.

Au Moyen Âge, Bréhat devint un point militaire stratégique. Le Comte de Penthièvre décida de fortifier l’île en construisant un château au nord-est du bourg. Malgré cela, Bréhat fut régulièrement envahie par les Anglais, ainsi que par les Espagnols. En 1408, Bréhat fut ravagée par les troupes anglaises, débarquées sur l’île Lavret et commandées par l’amiral Edmond Holland, comte de Kent, qui mourut lors de la bataille. Celui-ci agissait pour le compte du duc de Bretagne, Jean V, en conflit avec la comtesse de Penthièvre, Marguerite de Clisson. Les maisons furent incendiées, les gens massacrés et les défenseurs de l’île pendus aux ailes du « moulin du Nord », au sommet du tertre du Creac’h ar Pot. À la suite de cet épisode, son château, propriété de la Comtesse de Penthièvre, fut confisqué et rasé par le duc vers 1422. La seigneurie, appartenant jusque-là au comté de Penthièvre, devint alors l’apanage de la famille ducale avec à sa tête Arthur III de Bretagne, comte de Richemont, frère du duc de Bretagne.

En 1569, le duc de Penthièvre décéda. Les négociations entre la famille Balavenne, alias Balavoine, et les héritiers du duc de Penthièvre se poursuivirent jusqu’à la fin du 16è siècle pour se terminer, sous la Régence de Louis XIII, par l’accord de la reine Marie de Médicis à une cession de droit seigneuriaux détenus par les héritiers de Jacquette de Bretagne au profit de la Couronne de France, contre versement de sommes sur le Trésor. Le 17 décembre 1601, Pierre Balavenne, Procureur du Roi, sieur du Rest et de Kerlen, agissant pour le compte de son épouse Anne de Rochédec, dame de Bréhat, descendante du duc de Bretagne Arthur III, négocia avec la duchesse de Mercoeur à Paris la vente de l’Ile de Bréhat pour 6 000 écus.

En 1590, le duc de Mercœur fit construire un fort à l’emplacement de celui qui avait été détruit par le comte de Kent en 1409. Bréhat ne resta pas longtemps en possession des Anglais, l’île fut reprise par les troupes du duc de Mercœur, pour le compte de la Ligue catholique, avant d’être prise par Henri de Kerallec pour le compte du roi Henri IV qui lui en donna le gouvernement.

En 1642, 1643 et 1679, le prédicateur Julien Maunoir vint prêcher à Bréhat.

Vauban fit installer une batterie côtière et fit relier les deux tronçons de l’île par une chaussée, appelé le « Pont ar Prad », signifiant « Pont de la prairie », ou « Pont Vauban ».

De nombreux corsaires, des plus au moins connus, habitant l’île ou venant s’y reposer, s’illustrèrent dans la chasse à l’Anglais, particulièrement sous les règnes de Louis XIV et Louis XV. Une dizaine de « maisons de corsaires » sont encore de nos jours identifiées à Bréhat, dont celle de Corouge-Lambert, datée de 1772. La pierre tombale du corsaire Emile Cano-Fleury, décorée de tibias et d’une tête de mort, se trouve dans le porche de l’église paroissiale.

Une association d’environ 800 membres regroupe les descendants des corsaires de Bréhat et d’ailleurs pour entretenir leur mémoire. Des naufrages se produisaient fréquemment, la Gazette du commerce du 29 mars 1774 relata brièvement, entre autres, la perte de trois bâtiments au large de Bréhat.

Durant la révolution française une pétition du 30 juin 1790 indiqua que l’île employait alors entre 400 et 500 marins. La chapelle de Kéranroux fut vendue comme bien national.

En 1832 et 1854, Bréhat connut une épidémie de choléra, faisant respectivement 120 et 54 victimes.

Les corsaires furent nombreux jusqu’au 19è siècle. Certaines familles bréhatines sont d’ailleurs de véritables dynasties de marins. La flottille des terre-neuvas, jusqu’à une quarantaine de bateaux, partait du port de la Corderie (40 barques de 50 à 100 tonneaux en 1834), s’ouvrant plein ouest sur la haute mer ; de nombreux marins bréhatins embarquèrent aussi sur les goélettes de Paimpol à destination des parages de l’Islande et de Terre-Neuve pêcher la morue, d’autres allant à la pêche à la baleine. En 1866, Bréhat employa 149 marins et pêcheurs au cabotage. Tous les parages de l’archipel étaient fréquentés par leurs petits bateaux calant peu et montés de voiles blanches ou brunes, allant jusqu’à Lézardrieux ou Paimpol. L’arrivée de la navigation à vapeur et le déclin de la pêche lointaine provoqua un net déclin : 42 marins recensés en 1901, 21 en 1925.

Le phare des Héaux de Bréhat fut allumé pour la première fois en 1840.

La citadelle de Bréhat fut construite sous le Second Empire entre 1860 et 1862. Elle abrita des soldats jusqu’en 1875.

En 1872, l’Île-de-Bréhat fut reliée télégraphiquement au continent, grâce à un câble venant de la Pointe de l’Arcouest sur Ploubazlanec.

De nombreuses personnalités et artistes séjournèrent sur l’île, dont Prosper Mérimée, Ernest Renan, Pierre Loti ou encore Paul Gauguin, entre autres.

Les paysages granitiques de Bréhat furent endommagés par l’extraction intensive du granite lors de la construction du port de Paimpol. En 1899, le conseil général des Côtes-du-Nord émit un vœu en faveur de la protection des rochers pittoresques du littoral. En mai 1907, le conseil municipal de Bréhat demanda le classement de l’île au titre de la protection des paysages, lequel intervint le 13 juillet 1907. Bréhat devint alors le premier site classé et protégé officiellement en France au titre des « sites et monuments naturels de caractère artistique » à préserver.

L’achat par l’Allemand Max Kahn de plusieurs terrains dans l’archipel de Bréhat dans les premières années du 20è siècle provoqua un émoi et des interrogations, allant jusqu’à des accusations d’espionnage.

Le monument aux morts de l’Île-de-Bréhat porte les noms de 34 marins et soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale. Parmi eux, neuf au moins sont des marins disparus en mer, trois sont des soldats morts sur le front belge et la plupart des autres sont morts sur le sol français.

Le 14 août 1927, le nouveau canot de sauvetage de Bréhat, baptisé François-Henri Provensal, fut inauguré. Ce dernier remplaça le Albert Henriette, ayant été mis en service en 1909, lui-même ayant remplacé le Notre-Dame de Keranrou, qui avait notamment secouru la goélette Espérance le 20 novembre 1904. Le François-Henri Provensal fit de nombreux sauvetages, comme celui de plusieurs bateaux de pêche lors de la tempête des 15 et 16 mars 1934. Volant, patron de ce canot de sauvetage, fut fait chevalier de la Légion d’honneur en 1932.

Suzanne Wilborts, alias « Sidonie Gibbons », infirmière et épouse du médecin de l’île Adrien Wilborts, fut à l’origine du réseau de résistance « Georges France 31 », dit aussi « la bande à Sidonie », qui fit essentiellement de l’espionnage, transmettant des renseignements à l’Intelligence Service. Ce réseau accueillit au printemps 1941 l’envoyé du BCRA le capitaine Maurice Duclos. Ce réseau d’espionnage et d’évasion, via Nantes, fonctionna jusqu’en mars 1942. Mais la plupart de ses membres furent arrêtés successivement à partir du 1er novembre 1941, le réseau ayant été infiltré par des Français travaillant pour les Allemands. 25 membres du réseau, surtout des Nantais, furent déportés, dont 14 moururent dans des camps de concentration. Jean-Baptiste Legeay fut décapité le 10 février 1943 à Cologne, Adrien et Suzanne Wilborts ainsi que leur fille Marie-José Chombart de Lauwe, furent arrêtés le 22 mars 1942 et déportés. Adrien Wilborts morut au camp de concentration de Buchenwald le 24 février 1944. Quant à elles, elles survécurent à la déportation. Josette Bocq mourut à Bergen-Belsen, Anne Leduc survécut à la déportation, tout comme Henriette Le Belzic, Georges Le Bonniec et André Marchais, tous deux de Lanvollon, furent décapités aussi à la prison du Klingeputz à Cologne le 20 octobre 1942.

Le 15 janvier 1942, cinq jeunes gens (François Menguy, Pierre Guélorguet, Claude Robinet et deux élèves de l’école maritime de Paimpol) partirent depuis l’Île-de-Bréhat vers l’Angleterre (Portsmouth) à bord de la vedette Korrigane et rejoignirent les rangs des la France Libre.

Le monument aux morts de l’Île-de-Bréhat porte les noms de 13 personnes mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale. Parmi elles, des marins et des résistants. William Mitchell et trois autres marins britanniques non identifiés, victimes du naufrage du HMS Charybdis le 23 octobre 1943, reposent dans le carré militaire du cimetière de l’Île-de-Bréhat.

Bréhat fut occupée par les Allemands jusqu’au 4 août 1944. Au moment de leur retraite, ils dynamitèrent les phares du Paon et du Rosédo.

Après la Seconde Guerre mondiale, le matelot Jean Le Cleuziat mourut des suites de ses blessures le 27 octobre 1951 à Thudaumaut au Viêt Nam durant la Guerre d’Indochine.

Le 15 août 1955, la vedette L’Aide-Toi, qui faisait le tour de Bréhat, fit naufrage. Le drame fit quatorze morts et huit survivants.

Géographie :

Elle est très proche du continent, dix minutes seulement sont nécessaires pour traverser le chenal du Ferlas séparant le continent et l’île, en réalité deux îlots reliés par un pont. Plus de 500 000 touristes par an la visitent.

L’archipel qui forme le territoire de la commune est d’une superficie totale de 309 hectares, incluant l’île principale, 86 îlots et récifs voisins, ainsi que le groupe d’écueils nommé plateau des Roches-Douvres, situé à 30 km au nord/nord-est. Bréhat, séparée du continent par le chenal du Ferlas, a une largeur de 600 à 700 mètres environ.

L’île principale, d’une superficie de 290 hectares, est longue de 3,5 km et large de 1,5 km maximum. Elle est en fait composée à marée haute de deux îles réunies au 18è siècle, par un pont-chaussée (pont ar Prat, pont de la Prairie, appelé aussi pont-chaussée Vauban), l’ « île Nord » au relief de landes et l’ « île Sud » plus fleurie.

L’île possède une seule véritable plage située à son extrême sud, celle du Guerzido, en arc de cercle, tapissée de sable rose et entourée de rochers granitiques.

Elle n’a pas de cours d’eau. Son relief est un mélange anarchique de creux et de bosses paraissant semés au hasard. Une bonne partie est recouverte de lœss, déposé lors de la glaciation de Würm, et elle est pour cette raison très fertile. Ce lœss forme même par endroits, en bord de mer, des falaises en raison de son épaisseur, comme à Port Clos et à la Corderie.

Le granite rose y est très présent et se trouve à l’extrémité est de la côte de granit rose.

Sa géologie fournit également un exemple de contact entre le granite porphyrique, roche claire, et la cornéenne, roche sombre marquée de bandes. Une étude de la stratigraphie d’un site d’une petite falaise de l’île sud, Ot Ar Villiec, a été réalisée en 2007 et publiée en 2013.

Par ailleurs, les roches à fleur d’eau de l’archipel forment des écueils dangereux. La navigation de plaisance y est particulièrement difficile et demande de solides connaissances maritimes.

Enfin, son microclimat, relativement humide, brumeux et venteux, est cependant particulièrement doux en hiver avec une moyenne de 6°C et favorise une très grande diversité de fleurs et de plantes. Des mimosas, figuiers, eucalyptus, céanothes, echiums, agapanthes, hortensias, entre autres, s’y trouvent. Les géraniums grimpent le long des façades des maisons. Des palmiers y sont même présents. C’est un des rares lieux en « Bretagne Nord » sur lequel peuvent pousser des plantes méditerranéennes, car les gelées y sont encore plus rares que sur les côtes de la commune de Ploubazlanec et de la partie continentale de la « Ceinture dorée ».

Cf. Wikipédia.

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