Cézembre

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By CR

Île côtière en baie de Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine, au nord-est de la Bretagne, elle a une superficie de 9,5 hectares. Inhabitée, à l’exception d’un restaurant ouvert durant la saison estivale, elle est située sur le territoire communal de Saint-Malo.

Histoire :

Peuplée dès le néolithique (une hache de cette époque ayant été retrouvée en 1939), elle fut occupée à l’époque celte et constituait une place forte, d’où dérive son nom Segisamabriga, signifiant « la hauteur fortifiée la plus puissante ». Elle était alors la pointe orientale de l’estuaire de la Rance et correspondait probablement à la Segisama Briga de l’époque pré-romaine qui abritait un oppidum contrôlant l’entrée du fleuve côtier. Elle était d’ailleurs reliée au continent à marée basse par un gué.

Au début du Moyen Âge, elle abrita des ermites puis un monastère à partir du 15è siècle, lequel fut détruit en 1693 à la suite d’une attaque anglaise. Au Moyen Âge, elle était aussi reliée au continent par des prairies où paissaient des animaux. Progressivement submergées par la mer, elles disparurent au milieu du 15è siècle.

D’après le roman d’Aiquin, Charlemagne se serait emparé de l’île lors de sa conquête de la Bretagne. Son attaque et le massacre des troupes franques y sont relatés, bien qu’en fait Charlemagne n’y soit jamais allé, il y envoya ses lieutenants. Les Vikings firent plusieurs incursions dans la région vers 870-880 puis au 10è siècle, mais n’y restèrent pas longtemps.

Jusqu’au 17è siècle, elle eut une vocation religieuse, puis à la fin de ce siècle, une vocation militaire pour la défense de la cité malouine. Au 19è siècle, elle devint une colonie pénitentiaire.

Dans l’entre-deux guerres, elle retrouva une vocation touristique.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, elle fut légèrement réarmée en 1939, mais évacuée par l’armée française avant l’arrivée des Allemands en juin 1940. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle fut largement fortifiée par les Allemands et résista en août 1944 aux troupes américaines lors de la libération de Saint-Malo. Elle subit pendant plus de trois semaines un bombardement intensif, tant aérien, maritime que terrestre, dont elle garde encore les stigmates aujourd’hui.

Gérée de 1945 à 2017 par la Marine nationale, elle fut longtemps interdite au public au-delà de la plage en raison de la présence de bombes et de munitions non explosées. Elle connut plusieurs opérations de déminage et en avril 2018, un sentier sur la moitié ouest fut ouvert au public. En octobre 2017, sa gestion fut transférée au Conservatoire du littoral.

Elle fit ainsi l’objet de deux grandes campagnes de déminage juste après guerre, suivies d’autres plus ponctuelles, principalement sur l’estran lors des marées d’équinoxe. La plage fut rendue accessible au public dans les années 1950, mais la majeure partie de l’île resta interdite d’accès pour des raisons de sécurité.

Bien qu’elle soit un terrain militaire, géré par la Marine nationale, depuis la fin de la guerre, la famille Gauthier obtint les autorisations de s’y installer et d’y ouvrir un hôtel-restaurant.

Le 5 novembre 1945, elle fut inscrite à l’inventaire des sites et est depuis un site classé. À partir de 1962 et durant plus d’une dizaine d’années, elle abrita des mouflons corses.

De mars à mai 2008, son intérieur et les eaux environnantes furent de nouveau entièrement interdites d’accès au public afin de permettre à la Marine nationale de mener une vaste opération de déminage. La plage principale fut déminée sur plus de 3 mètres de profondeur, ce qui n’avait jamais été fait auparavant. Lors du déminage de seulement du tiers de sa plage, plus de 80 obus furent récupérés. Malgré cela, des bombes ou obus réapparaissent encore. En mai 2016, un promeneur et son fils trouvèrent sur la plage, à marée basse, un obus de 250 kg. En mai 2020, des démineurs durent intervenir pour faire exploser un obus. Les tempêtes et les grandes marées font régulièrement remonter des munitions à la surface. Quant aux blockhaus, ils restent également dangereux et leur accès est toujours interdit.

Son acquisition par le Conservatoire du littoral fut plusieurs fois reportée du fait des retards et de la complexité de la dépollution. Ce transfert eut ainsi lieu en octobre 2017.

Il fut décidé de ne pas la dépolluer intégralement, trop compliqué et couteux. Mais aussi, cela aurait impliqué de détruire la végétation et donc les espaces de nidification des oiseaux. En revanche, un sentier balisé de 800 mètres, clôturé de part et d’autre, fut entièrement dépollué. Parcourant une partie, il permet aux visiteurs de découvrir les vestiges de la Seconde Guerre mondiale, ainsi que sa faune et sa flore. Cette opération fut réalisée par le groupe de déminage brestois de la Marine nationale en février et mars 2016. L’ouverture du sentier initialement prévu à l’été 2017 fut reportée à avril 2018.

La pandémie de Covid-19 en France entraîna sa fermeture au public durant le premier confinement. Elle rouvrit en juillet 2020.

Le 4 août 2020, Franck Meslier, le seul habitant de l’île et exploitant du restaurant Le Repaire des Corsaires, décéda après 28 ans passés sur l’île.

Géographie :

Elle est la plus importante des îles de la baie de Saint-Malo. Elle se situe à 3,5 km de Saint-Énogat, à Dinard, et à 4 km de Saint-Malo intramuros. Elle est longue d’environ 500 mètres pour une largeur maximale de 200 mètres. Son point culminant, non nommé, est à 38 mètres d’altitude. Allongée dans la direction sud-ouest et nord-est, elle est formée de deux plateaux séparés par une profonde coupure. Elle possède une plage de sable fin, orientée au Sud, face au continent, ainsi qu’une côte rocheuse et escarpée, face au large. Trois rochers se trouvent à sa proximité immédiate, le rocher du Murier à son extrémité sud-ouest, le rocher Saint-Michel au sud, coupant sa plage en deux, et le rocher Saint-Aaron à son extrémité nord-est. Le phare du Grand Jardin se trouve à environ 600 mètres à son sud-ouest et le fort de la Conchée à 2 000 mètres à son nord-est. Le principal chenal d’accès au port de Saint-Malo passe à son sud-est. Des courants de 8 à 10 nœuds limitent son accès par bateau.

À son sud, probablement jusqu’à la fin du 15è siècle, une étendue de terre, similaire aux prés salés qui se trouvent aujourd’hui dans la baie du mont Saint-Michel, existait. Ces sortes de prairies étaient recouvertes par la mer uniquement lors des marées d’équinoxe. Elles étaient reliées au Grand Bé lors de la découverte de l’estran aux grandes marées, ce qui permettait d’y faire paître du bétail. Plusieurs noms des actuels rochers émergeant à son sud (Grand Jardin, Grand Murier, Pierre de la Vache, le rocher du Dragon ou encore les Herbiers) rappellent cette période.

L’existence d’un gué reliant ses prairies à la terre ferme (Aleth) à marée basse est attestée dans le roman d’Aiquin, une chanson de geste du 9è ou 10è siècle. La première submersion des prairies s’est sans doute produite lors d’un tremblement de terre ayant secoué la région du Cotentin et des îles Anglo-Normandes en 1160 ou 1161. Cependant, une partie de ces prairies ont subsisté et ont été exploitées jusqu’à la fin du 15è siècle. Ce qui est confirmé dans des archives de l’époque. En outre, Vera Kornicker relate l’existence d’un légendaire raz-de-marée qui aurait eu lieu en 709 et l’aurait séparée de la côte malouine, mais son existence est mise en doute. Il est plus probable que les terres la reliant au continent se soient progressivement affaissées et ses prairies semblent avoir définitivement disparu en 1438.

À cause des bombardements intensifs de 1944, sa végétation est rare et son relief est martelé. Plus de 2 000 cratères de bombes y sont dénombrés. Sa faune et sa flore originelles ne sont pas complètement revenues, sans doute du fait de la présence de polluants comme les métaux lourds dus aux bombardements. Des points d’eau douce semblent avoir existé dans le passé, mais ont disparu depuis les bombardements.

N’étant ainsi toujours pas complètement déminée, son accès à sa plus grande partie est interdit. Elle est divisée en deux zones : la verte, autour de la plage, ouverte au public, et la rouge, interdite d’accès. En 2018, un sentier pédestre a été aménagé, permettant de circuler sur sa partie ouest. Une zone interdite de 200 mètres existe en mer sur tout son tour, sauf l’accès à sa plage.

Les tempêtes peuvent modifier l’aspect de sa plage. En février 2020, à la suite des tempêtes Ciara et Dennis, une partie du sable s’est envolé et a disparu.

En 1882, il est fait mention de l’existence de lapins en son sein. Mais, le bombardement de 1944 a fait disparaître sa végétation. Sa flore d’origine a laissé place à des espèces nitrophiles, plantes ayant besoin d’azote.

Du fait de l’interdiction de circuler en son intérieur, il est devenu un lieu particulièrement favorable pour les oiseaux de mer. Les goélands, les mouettes, les cormorans s’y reproduisent en grand nombre.

À son nord-est, se trouvent aussi des pétrels fulmars, quelques pingouins torda. Les lapins, sans savoir précisément s’ils ont survécu au bombardement ou ont été réintroduits depuis, y vivent également. Par contre, avant guerre, plusieurs espèces de poulpes présents en grand nombre autour n’y sont pas revenus.

Les dimanches et jours fériés d’avril, mai, juin et septembre, ainsi que tous les jours en juillet et août, des navettes de bateaux assurent la liaison entre Dinard, Saint-Malo et l’île. Les visiteurs l’apprécient pour sa plage, étant l’une des seules de la côte d’Émeraude à être orientée plein sud. Celles de Saint-Jouan-des-Guérets et du parc des Corbières le sont aussi, mais elles donnent sur la Rance.

Enfin, le bar-restaurant Le repaire des corsaires est sa seule activité humaine.

Cf. Wikipédia.

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