Îles Saint-Marcouf

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By CR

Archipel de la baie de Seine dans la Manche, en région Normandie, il constitué de deux îles, l’île du Large et l’île de Terre. Situé à environ sept kilomètres au large de la localité de Saint-Marcouf sur la côte est de la péninsule du Cotentin, il n’est rattaché à la commune française de Saint-Marcouf qu’en 1987.

Histoire :

À l’époque romaine, les deux îles portaient le nom de Duolimonis signifiant Deux Limons.

Au 6è siècle, Marcouf, un saint de l’Église catholique, né vers 483 à Bayeux, alors dans le royaume de Neustrie, s’y retirait pour y passer le carême. À sa mort, en 558, il fut enseveli près de Coutances, dans l’abbaye de Nanteuil qu’il avait fondée. L’archipel prit alors le nom du saint. En 898, sa dépouille fut transférée à l’abbaye de Corbeny près de Laon, dans l’Aisne, pour la soustraire aux raids des Vikings. Ses reliques eurent la réputation de guérir les écrouelles ou scrofules. Cette croyance fut à l’origine du pèlerinage effectué par les rois de France à l’abbaye de Corbeny le lendemain de leur sacre à Reims.

Les îles tiennent une position de navigation entre Cherbourg et Le Havre. En 1795, les Anglais s’emparèrent de l’archipel et perturbèrent fortement le trafic de marchandises dans la baie de Seine ; les navires quittant Cherbourg ou Le Havre étaient arraisonnés par les corsaires qui s’y étaient établis.

En avril 1798, le Directoire tenta vainement de reprendre les îles aux Anglais, sur lesquelles le comte de Frotté, chef des royalistes en Normandie, séjourna à plusieurs reprises.

En 1800, sur ordre de Napoléon Bonaparte, le premier sous-marin de guerre le Nautilus, construit par l’inventeur américain Robert Fulton, fut engagé, afin de tenter de chasser les Britanniques qui occupaient les îles. L’opération fut un échec, mais les îles furent restituées à la France par la Grande-Bretagne en 1802 au cours de la paix d’Amiens. La même année, les îles furent fortifiées pour contrer la menace anglaise. Napoléon fit édifier au centre de l’île du Large une forteresse circulaire dotée de 24 canons. Une importante garnison y séjourna en permanence, d’abord autonome, puis rattachée à la place forte de la Hougue. Plusieurs familles d’officiers ou de gardiens des batteries y résidèrent. Sur les registres d’état civil de Saint-Vaast, se trouvent d’ailleurs les naissances et décès survenus sur les îles au cours du 19è siècle.

À partir de 1860, sous Napoléon III, une deuxième ligne de défense fut aménagée. L’ensemble militaire comprend un fort de 170 mètres de diamètre, 48 bouches à feu, un port, un magasin à poudre et un bâtiment électrosémaphorique, le tout ceinturé par des douves creusées dans le rocher à même la mer. Fortement fortifié, le site n’a plus jamais été attaqué, jusqu’ici.

Lors de l’organisation du débarquement du 6 juin 1944, les îles furent suspectées d’être un poste avancé allemand armé de batteries lourdes. L’état-major allié décida que cette position devait être neutralisée avant le débarquement. Le Jour J, à 4 h 30, un commando composé du sergent Harvey S. Olson, du soldat Thomas C. Killeran (Troop A), du sergent John W. Zanders, du caporal Melvin F. Kenzie (Troop B) du 4th Cavalry Group nagea vers les îles armé de simples couteaux. Ils n’y trouvèrent ni canons ni soldats et purent baliser le terrain pour permettre le débarquement d’un détachement de 132 hommes des 4th et 24th Cavalry Groups sous le commandement du lieutenant-colonel Edward C. Dunn. À 5 h 30, le détachement était débarqué et les îles occupées, mais les hommes durent déplorer dix-neuf pertes (dix-sept blessés et deux tués) à cause des mines-S semées le long des grèves.

Géographie :

Faisant partie du domaine privé de l’État, l’archipel, ainsi composé de l’île du Large et l’île de Terre, est interdit d’accès. Depuis 1999, sur l’île du Large, pour des raisons de sécurité, et depuis 1967, sur l’île de Terre, pour des raisons écologiques, une réserve ornithologique gérée par le Groupe ornithologique normand y étant constituée. Cette dernière est peuplée principalement de goélands et de cormorans. Le mouillage est toutefois autorisé entre les deux îles.

Les îles et le domaine public maritime correspondant ont été classés parmi les « sites pittoresques » au sens de la loi du 2 mai 1930 par un décret du 28 décembre 1981. Elles sont également classées en zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique. Elles sont aussi au centre d’une zone de protection spéciale du réseau Natura 2000 qu’englobe la baie de Seine occidentale.

Les autres protections de l’archipel sont :

  • Réserve de chasse par arrêté du 30 juin 1972 ;
  • Périmètre maritime en réserve de chasse maritime par arrêté interministériel du 25 juillet 1973 ;
  • Site ZICO, désigné par la France auprès de la CEE comme zone de protection spéciale (catégorie a) ;
  • Fortifications intégralement classées au titre des monuments historiques par arrêté du 25 janvier 2017 ;
  • Inséré dans le périmètre des plages du débarquement de juin 1944 dont l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO est en demande.

Enfin, une petite anecdote. Le 25 septembre 2008, eurent lieu le débarquement et l’occupation des îles par des commandos se réclamant de la Patagonie, royaume imaginaire, dont Jean Raspail s’en était proclamé le Consul général. En cette journée européenne du Patrimoine, ce débarquement et cette prise de possession avaient pour objet de protester contre l’abandon par l’État français du fort de l’île du Large.

Cf. Wikipédia.

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