Îles de la presqu'île du Cotentin

By CR

Le Cotentin est une péninsule française située dans la partie nord-occidentale de la Normandie. Elle recouvre la majeure partie de l’ancien Pagus Constantiensis des époques romaine et médiévale. Cette région naturelle tire son nom de la ville de Coutances, ce qui explique l’ancienne graphie Costentin, employée notamment par le poète normand Wace dans son roman de Rou. Élément du Massif armoricain, le Cotentin s’étend de l’estuaire de la Vire à l’embouchure du Thar au sud de Granville. Au sud, se trouve l’Avranchin et à l’est, le Bessin. Situé ainsi en Armorique, il est membre de la confédération armoricaine.

Avant l’aménagement des marais, la partie nord du Cotentin était presque une île séparée du continent par les Marais de la Douve (Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin), que seule une bande de terre dans les landes de Lessay reliait au continent. Aujourd’hui, grâce aux portes à flot ou portes à marée situées sur la côte ouest, mais avant tout sur la côte est, en baie des Veys, la base de la péninsule a pu s’élargir. Le Cotentin est bordé par le golfe normanno-breton, la Manche centrale et la baie de Seine.

Les îles de la presqu’île du Cotentin sont l’Île Pelée, à Cherbourg-en-Cotentin, et Tatihou, à marée haute, à Saint-Vaast-la-Hougue.

Histoire :

Des premières présences humaines apparurent dès la préhistoire. Le site archéologique du Rozel, dit Le Pou, montre d’ailleurs des traces exceptionnelles de pas, de mains et d’occupations successives d’homo neanderthalensis. Des monuments, comme les dolmens de Rocheville, l’allée couverte de Bretteville-en-Saire, les pierres levées de Rauville-la-Place, ou encore les trois menhirs à et autour de Saint-Pierre-Église ont été retrouvés.

La péninsule fut peuplée par une tribu d’origine celtique héritière de la civilisation de Hallstatt et de la Tène, les Unelles, dont leur cité Cosedia est actuellement Coutances. Le sud de la péninsule fut peuplé par les Abrincates, dont leur cité Ingena est aujourd’hui Avranches.

Le Cotentin subit ensuite la conquête romaine, puis les grandes invasions germaniques.

De 820 à 933, à l’époque mérovingienne, il fit partie de la Neustrie et fut intégré dans la province ecclésiastique de Rouen. Malgré une longue série de raids opérés par des Vikings venus de Norvège et du Danemarck, ayant parfois transités par les Hébrides et l’Irlande, il demeura dans la province ecclésiastique de Rouen.

De 933 jusqu’en 1066, date de la bataille de Hastings marquant le début de la conquête de l’Angleterre par les Normands, il vécut une période ducale normande.

De Philippe-Auguste au 17è siècle, il fut ravagé par la guerre de Cent Ans. Il connut ensuite un essor important grâce à l’agriculture, au 15è et 16è siècle, se matérialisant dans le bocage par de nombreuses fermes-manoirs. Les grands seigneurs édifièrent des châteaux et hôtels de style Renaissance. Comme de nombreuses régions françaises, il fut tout particulièrement touché par de multiples affaires de sorcellerie. À l’apogée de la grande vague de répression, entre 1580 et 1630, il fut marqué par le procès des sorciers de La Haye-du-Puits, débutant en 1669.

Durant la guerre de la Ligue d’Augsbourg, Saint-Vaast-la-Hougue, près de Barfleur, fut le site de la bataille de la Hougue qui opposa en 1692 la flotte anglo-hollandaise à la flotte française du vice-amiral de Tourville. Jusqu’à la Révolution, la ville de Valognes fut un lieu de villégiature pour l’aristocratie lui valant le surnom de « Versailles normand ». Valognes fut érigé en vicomté vers 1770, tout en demeurant dans le bailliage de Coutances. Après 1789, Cherbourg prit un poids régional croissant, détrônant peu à peu Valognes comme capitale du Nord-Cotentin.

Pendant le 19è siècle, le développement de l’élevage laitier aux dépens de la polyculture vivrière traditionnelle transforma le paysage des campagnes et fit grossir les bourgs. La ville, et notamment l’économie cherbourgeoise, à travers les travaux d’aménagement et les industries, attira une population rurale. Des fermes modèles se développèrent, à l’instar de celles de l’abbaye de la Trappe de Bricquebec et du château de Martinvast du comte Du Moncel. Ce dernier, dans l’arrondissement de Cherbourg, favorisa l’introduction de la pomme de terre en remplacement du sarrasin, la culture du lin d’hiver plutôt que celui d’été. Les grandes landes et les jachères diminuèrent, le trèfle des prés laissa la place à la luzerne et au trèfle incarnat. L’industrie agroalimentaire prospéra et les produits laitiers du Cotentin, à l’image des beurres Bretel Frères de Valognes, s’exportèrent hors des frontières normandes et françaises grâce au transport maritime et l’arrivée du chemin de fer en 1858.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, il fut l’un des principaux lieux de combats en France, avec la bataille de Normandie, de juin à août 1944, entraînant de nombreuses destructions de villes, villages et autres lieux historiques, dont beaucoup de châteaux et de manoirs. Il fut aussi l’évènement du débarquement d’Utah Beach et des parachutages sur la région de Sainte-Mère-Église, le 6 juin 1944, puis de la difficile progression des troupes américaines pour prendre à revers le port de Cherbourg et percer le front allemand. L’éprouvante bataille des haies et la coupure du Cotentin, après avoir atteint la côte ouest à Barneville, le 19 juin 1944, entraînèrent de lourdes pertes militaires et civiles.

Géographie :

Aujourd’hui, le Cotentin est souvent confondu avec la région naturelle française appelée presqu’île du Cotentin, même si l’assiette géographique du Cotentin historique dépasse la presqu’île. Les villes de Saint-Lô, Villedieu-les-Poêles et Granville sont d’ailleurs historiquement cotentinaises.

La péninsule du Cotentin s’étend entre l’estuaire de la Vire et l’embouchure de l’Ay en formant une presqu’île et la partie nord du département de la Manche. Quelquefois simplement appelée Cotentin, elle est désormais souvent désignée, pour éviter la confusion, Nord-Cotentin ou pays Cotentin. Ce qui exclut la ville de Coutances et le sud du Cotentin historique. La péninsule est nettement délimitée par la mer à l’ouest, au nord et à l’est, et par une vaste zone de marais inondables au sud-est. Elle a donc été parfois mentionnée dans l’histoire comme une île, du fait de la bande de marais coupant la partie la plus septentrionale du Cotentin du reste de la Normandie au sud-est. Ce qui a rendu la péninsule, jusqu’à la construction des routes modernes, difficilement accessible en hiver. Une fois la Vire passée au Vey, le Cotentin ne se trouve plus défendu que par la rivière d’Ouve ou Douve et par ses vastes marais. Jusqu’en 1925, date à laquelle elle fut rasée, une bastille médiévale, du 13è et 14è siècle, défendait dans la commune de Beuzeville-la-Bastille le passage vers le nord et l’ouest de la presqu’île. Plus anciennement, un chemin, reliant Carentan à Port-Bail et de Gerville, qui la traversait, indique que plusieurs de ces dalles furent retrouvées au cours du 19è siècle. Le parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin occupe une grande partie de la péninsule.

La presqu’île du Cotentin est divisée en quatre « pays » historiques : la Hague au nord-ouest, le val de Saire au nord-est, le Plain (région de bocage) au centre, la passe du Cotentin ou Bauptois (zone de marais et de landes) au sud.

Le Cotentin dans sa définition la plus large comprend les deux tiers nord du département de la Manche, le tiers sud étant composé de la totalité de l’Avranchin, et une petite partie de l’ouest du Calvados.

Il tend à développer une correspondance institutionnelle à la réalité historique du territoire avec la création au 1er janvier 2017 de la communauté d’agglomération du Cotentin, fusionnant ainsi neuf anciennes communautés de communes (la Saire, Vallée de l’Ouve, Saint-Pierre-Église, Côte des Isles, Les Pieux, Cœur du Cotentin, Montebourg, Douve et Divette et Val de Saire) et comprenant les deux communes nouvelles de Cherbourg-en-Cotentin et de La Hague.

Il est entouré par le Bessin à l’est, le bocage virois, l’Avranchin au sud et à l’ouest, et la Manche à l’ouest, au nord et nord-est. À l’ouest, la côte des Îles fait face aux îles Anglo-Normandes et à Chausey auxquelles elle est reliée par un service de ferry au départ de Carteret et de Granville. Les îles Chausey, face à Granville, font partie du Cotentin. Le raz Blanchard sépare le cap de la Hague et l’île d’Aurigny. Le passage de la Déroute séparre la côte des havres et l’île de Jersey.

La plus grande ville du Cotentin est Cherbourg-en-Cotentin. Son port situé sur la côte nord, ancien grand port militaire, est devenu un port majeur pour les liaisons avec la Grande-Bretagne et l’Irlande. Les autres villes d’importance sont Barfleur, Barneville-Carteret, Beaumont-Hague, Bricquebec, Carentan, La Haye-du-Puits, Les Pieux, Lessay, Périers, Portbail, Sainte-Mère-Église, Saint-Sauveur-le-Vicomte, Saint-Vaast-la-Hougue, Valognes.

Enfin, le climat du Cotentin est très océanique. Il se caractérise par des hivers doux et humides, et des étés doux. Les moyennes pour janvier sont de 3°C et 7°C et les moyennes d’août sont de 14°C et 22°C. La pluviométrie est plus importante dans les terres, ainsi que le nombre de jours de gelées et l’amplitude thermique annuelle. Enfin, la neige ne se produit pas systématiquement tous les hivers, mais peut se montrer importante par effet d’isothermie.

Cf. Wikipédia.