Îles Chausey

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Archipel normand, rattaché à la France, il est situé au nord de la baie du Mont-Saint-Michel. Grande Île, la seule île habitée, à l’exception d’une maison sur l’îlot d’Aneret, par une trentaine de personnes, se situe à 15,8 km au large de la commune portuaire de Granville. La vingtaine d’autres îles et la centaine d’îlots dépendent administrativement de cette commune.

Il s’inscrit dans un rectangle d’environ 6,5 km de largeur au nord-sud et 12 km de longueur à l’est-ouest. Il est devenu une zone de villégiature et un site touristique.

Il comprend ainsi comme îles principales :

  • Grande Île : 45 hectares
  • La Genétaie : 1,82 hectare
  • La Meule : 1,38 hectare
  • La Houllée : 0,86 hectare
  • L’île aux Oiseaux : 0,62 hectare
  • Grand Épail : 0,29 hectare

Histoire :

Les premières traces de vie humaine remontent au néolithique. La présence du Cromlech de l’Œillet au milieu des vasières du nord du Sound, chenal naturel longeant Grande Île, en témoigne d’ailleurs. Sound est un terme issu du vieil anglais sund signifiant « détroit, chenal » (anglais moderne sound, même sens), renforcé par le vieux norrois sund de signification semblable.

L’archipel fut l’objet de rivalités entre les Anglais et les Français. Contrairement aux îles voisines anglo-normandes, il est français depuis le 13è siècle. Site de piraterie et de contrebande, cet univers labyrinthique fut un repaire prisé des navigateurs-fraudeurs. Il suffisait de s’engager dans le Sound ou de mouiller dans la Passe Beauchamp pour être à l’abri de tout regard.

Selon la légende de la forêt de Scissy, une marée aurait en 709 séparé ces îles du continent, comme les Mont-Dol et Tombelaine.

En 1022, le duc de Normandie Richard II fit don des îles Chausey et de la baronnie de Saint-Pair-sur-Mer aux religieux du Mont Saint-Michel qui bâtirent sur Grande Île un prieuré bénédictin, proche de l’actuelle Ferme. Calsoi, le nom primitif de Chausey, apparaît d’ailleurs pour la première fois à l’occasion de la rédaction de cet acte de cession.

Dès le 17è siècle, l’abondance exceptionnelle du varech de Chausey en fit un site d’extraction de la soude utilisée dans la fabrication de savon et de verre. Puis, à partir du 19è siècle, l’iode en fut extraite, élément de base de la teinture d’iode employée comme désinfectant en pharmacie. Une cinquantaine d’ouvriers, appelés « barilleurs » ou « brûleurs de varech », venant des environs de Brest, Cherbourg ou encore Jersey, récolta les algues couvrant les rochers submergés de Chausey.

Au 18è siècle, l’abbé Jean-Michel Nolin tenta d’importer sur Grande Île les principes de la physiocratie, alias le « gouvernement par la nature ».

Des exploitants venus de Blainville, qui donnèrent leur nom au village des Blainvillais, situé au nord de l’île, exploitèrent longtemps la soude. Plus précisément, il s’agissait du carbonate de sodium tiré du varech recueilli sur les côtes et servant à l’industrie du verre jusqu’au moment où les chimistes produisirent le carbonate de sodium. Cette soude fut peut-être utilisée dans l’industrie du savon de Rouen.

Au 19è siècle, l’archipel connut une intense activité d’exploitation du granite. Durant plusieurs années, une trentaine de carriers saisonniers bâtit au niveau de Port Homard le « village des Malouins » ; la plupart venant de Saint-Malo. À la même période, de nombreux naturalistes, dont Jean Victor Audouin, Henri Milne-Edwards, De Quatrefages, attirés par la richesse de la biodiversité des îles, surtout le monde vivant du littoral, vinrent dans l’archipel pour leurs recherches, contribuant à une image flatteuse de ce patrimoine relatif à la réalité écologique.

En outre, le constructeur Louis Renault passa assez de temps et investit assez d’argent dans l’archipel pour y avoir été considéré comme un bienfaiteur.

Géographie :

L’archipel est composé d’une vingtaine d’îles et d’un peu plus de 130 îlots. Son île principale Grande Île mesure environ 1,5 km sur 0,5 km pour ses dimensions les plus larges d’environ 45 hectares.

De quelques dizaines d’hectares de terres à marée haute, l’archipel s’étend à environ 2 000 hectares d’estran à marée basse dans un rectangle d’environ 6,5 km de largeur et 12 km de hauteur. Grande Île n’est appelée ainsi que pour la distinguer des autres îles, puisque Chausey désigne à la fois l’archipel et Grande Île, la seule habitée.

Des grèves de sables et de cordons relient plusieurs parties de l’archipel. Les marées y sont les plus fortes d’Europe, jusqu’à 14 mètres de marnage lors des marées d’équinoxe. Les bateaux au mouillage doivent être éventuellement équipés en conséquence.

L’archipel appartient au domaine nord armoricain, unité géologique du Massif armoricain qui est le résultat de trois chaînes de montagne successives. Le site géologique des îles est plus précisément un pluton granitique faisant partie d’un ensemble plus vaste, le batholite mancellien.

L’histoire géologique de la région fut marquée par le cycle cadomien, entre 750 et 540 millions d’années, se traduisant par la surrection de la chaîne cadomienne qui devait culminer à environ 4 000 mètres d’altitude. À la fin du Précambrien supérieur, les sédiments briovériens environnants furent fortement déformés, plissés et métamorphisés par l’orogenèse cadomienne, impliquant un fort épaississement crustal et formant essentiellement des schistes et des gneiss. Les massifs granitiques du Mancellien scellèrent la fin de la déformation ductile de cette orogenèse.

L’archipel est constitué de rochers, écueils et îlots granitiques, dont trois d’entre eux, réunis par un tombolo, constituent Grande Île. Ceux-ci représentent l’affleurement d’un massif de forme elliptique long de 12,5 km en direction est-ouest et large de 5,5 km en direction nord-sud.

L’étude pétrographe du massif montre qu’il est composé de deux types de roches granitiques, dont la datation du granite 596 est de plus ou moins de 12 millions d’années : la granodiorite de Chausey, constituant la majorité des îlots, est une roche gris-bleuté, isogranulaire, et le granite porphyroïde des Romonts, toujours très altéré, n’ayant jamais été exploité, est riche en mégacristaux de feldspath potassique.

Enfin, l’étonnante dentelle de granite formant cet archipel fut longtemps exploitée dans de nombreuses carrières. Les moines de l’abbaye du Mont-Saint-Michel sont considérés comme les premiers exploitants, peut-être au début du 11è siècle. Au 16è siècle, la qualité de ce granite de Chausey conduisit à son emploi, entre autres, dans la construction des manoirs du Cotentin. Il fut également utilisé pour la réalisation des quais des ports de Dieppe et de Londres, au pavage des trottoirs de Paris du baron Haussmann, à la reconstruction de Saint-Malo (trottoirs, quais, murailles) en 1949. Au milieu du 19è siècle, Chausey abrita jusqu’à 500 carriers, la majorité étant des granitiers bretons installés au village des Malouins près de Port-Marie. Ce nombre paraît important et laisse imaginer des conditions de vie très difficiles.

Cf. Wikipédia.

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