Freedom Writers

Freedom Writers_movie-usa_wp

By CR

Film dramatique américain écrit et réalisé par Richard LaGravenese, sorti en 2007, adapté du livre The Freedom Writers Diary d’Erin Gruwell et de ses élèves, il est disponible sur le site Netflix.

L’histoire racontée dans le livre d’Erin Gruwell et son adaptation cinématographique se situe à la suite des émeutes de 1992 à Los Angeles. Il s’agit d’une histoire vraie.

Erin Gruwell est une jeune professeure d’anglais novice, fille d’un ancien militant des marches pour les droits civiques des afro-américains avant l’assassinat de son leader, le pasteur Martin Luther King, le 4 avril 1968. Elle choisit comme premier poste celui dans un lycée difficile de Long Beach à Los Angeles, un des quartiers les plus chauds de la West Coast, aux surlendemains des émeutes raciales qui ont secoué la Californie.

Le rappel du contexte est effectué au début du film par un recours à quelques images d’archives de reportage et de journaux télévisés sur les émeutes de Los Angeles. Ce qui permet de mieux prendre la mesure de l’engagement éducatif, de l’enthousiasme militant animant la jeune enseignante, pleine de détermination, d’espoir mais aussi de naïveté. Elle s’implique entièrement pour ses élèves qui, remplis de défiance vis-à-vis des américains blancs, commencent par l’ignorer et se regrouper dans la salle de classe selon les seuls critères qu’ils admettent et auxquels ils se soumettent, ceux des liens d’inféodation aux gangs, prêts à s’affronter au moindre prétexte. L’ambiance se dégrade au fil des jours, en dépit des efforts sincères et maladroits d’Erin Gruwell, pour prendre en main cette classe d’élèves, notamment lorsqu’elle décide de recomposer l’attribution des places dans sa salle de cours. Les élèves dont elle a la charge sont stigmatisés par leur passé social ainsi que judiciaire et sont considérés comme « irrécupérables » par la direction administrative du lycée, contrainte, à regret pour la réputation de l’établissement, de les admettre en son sein en vertu de la politique d’ « affirmative action » ou « discrimination positive » menée par les autorités fédérales américaines. Un incident mineur, une caricature raciste en circulation dans la classe, met finalement le feu aux poudres, donnant alors à Erin l’occasion d’ouvrir le dialogue avec les jeunes.

Avec tact et humour, elle parvient à leur apporter une légitimité, une identité. Surtout, en constatant, à l’issue d’échanges et de devoirs que les élèves se montrèrent fascinés par l’Holocauste et la résistance qui eut lieu durant la Seconde Guerre mondiale dans les pays européens et en France en particulier. Films, reportages et témoignages d’anciens rescapés de la Shoah qui se déplacent pour raconter leur vécu, ces jeunes sont enfin fascinés par les actes d’autres, indépendamment de leur appartenance groupusculaire.

Par ce biais, Erin finit à fendre la glace et à instaurer avec ses élèves un véritable rapport de confiance. Elle les respecte dans leurs souffrances. Pas à pas, à travers l’usage de la parole, des jeux puis de l’écriture, elle fait prendre conscience à ses élèves de la similitude de leur position sociale et culturelle. Elle les accompagne dans une lente et délicate reconquête de leur amour propre, libérant en eux des forces, des talents et une énergie insoupçonnés. Bien qu’incomprise dans un premier temps, elle réussit finalement à enrayer les préjugés raciaux au sein de sa classe, parmi ses élèves. La preuve en est administrée lorsqu’une de ses élèves, Eva Benitez, témoigne à décharge d’un jeune afro-américain accusé à tort d’être à l’origine d’un homicide d’un jeune cambodgien et à charge contre son ami Paco, remettant en cause ainsi sa fidélité et son inféodation à son gang pour faire prévaloir la justice.

Cette réussite encourageante, au lieu de rencontrer l’intérêt et les encouragements de la communauté éducative, soulève au contraire paradoxalement la franche hostilité des autres professeurs et le harcèlement tatillon auquel se livre Margaret Campbell, la proviseure adjointe du lycée, pour contrecarrer systématiquement les initiatives pédagogiques d’Erin. Animée par un fort ressentiment pour la jeune enseignante, Margaret Campbell, partisane d’une action purement disciplinaire à destination de ce type de public scolaire, va jusqu’à remettre en cause la compétence éducative d’Erin en dépit des succès manifestes qu’elle remporte.

Ce film est l’un des plus beaux que j’ai vu récemment. Poignant et efficace, il montre sans tabou un véritable problème sociétal d’une Amérique où ses jeunes sont laissés sur le bord de la route sans possibilité de sortir de leur environnement pauvre. Un film à réellement découvrir !

Commentaires

Articles les plus consultés