Des femmes à double peine

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By CR

Les féminicides sont, entre autres, un centre d’intérêts actuellement.

Un homme suivi judiciairement, portant un bracelet électronique, a trouvé le moyen de battre violemment encore sa compagne. Elle est morte.

Un autre, connu des services de police pour violences conjugales répétées, dont sa compagne a porté plainte à multiples reprises auprès de représentants de l’ordre sans être entendue a été encore sauvagement battue puis brûlée vive par cet homme. Elle est morte.

Encore, une autre, une autre… Des histoires différentes, des contextes divers, des… mais un résultat identique : Elles sont mortes.

Des associations d’aide aux victimes femmes de violences en tout genre tentent de trouver des solutions pour éradiquer ce problème. Des émissaires du gouvernement essayent d’apporter des idées afin de mettre un terme à ce phénomène. Des… bonnes volontés brandissent leurs armes en vue d’éteindre ce fléau. Des… proposent des remèdes à ces maux, comme un médicament miracle à une maladie presque incurable…

Mais tout ce que ce beau monde ne comprend pas est que ces femmes ne sont pas des victimes. Elles sont des femmes à double peine.

Lorsqu’une femme battue voit sa vie menacée et/ou celle de sa progéniture le fait savoir auprès des autorités ou autres, dans le meilleur des cas, elle doit quitter le domicile conjugal. Elle doit fuir. Elle doit partir. Elle doit quitter tout pour sa survie et/ou celle de ses enfants.

Pourquoi ?

Pourquoi le système judiciaire n’oblige-t-il pas l’homme violent à partir ? Pourquoi l’homme violent ne devrait-il pas porter son bracelet électronique dans un autre lieu qu’à son domicile, dans une autre ville, région, département… ? Pourquoi est-ce à la femme de tout perdre pour sa survie, alors que l’homme en fin de compte ne perd qu’une partie de sa liberté ? Pourquoi la femme doit-elle toujours être la fugitive ?

Des femmes battues existent dans tous les milieux, riches ou pauvres. Elles ont une vie, des amies, des habitudes, leurs enfants qui vont à l’école dans le quartier, leurs commerçants avec lesquels elles trouvent un moment de répit, de joie, parfois, des voisins ou voisines avec qui elles échangent des broutilles du quotidien. Elles ont leur vie avec laquelle elles composent. Et d’un coup, elles décident de poursuivre leur vie, mais sans violence. Alors, elles doivent tout quitter à cause de l’autre. Elles se retrouvent déplantées, ailleurs, avec moins de ressources. Elles perdent leurs repères. Elles ont la double peine.

Pourquoi donc est-ce à la femme d’être encore bannie ? Pourquoi est-ce la femme d’être hébergée dans une chambre exiguë d’un foyer miteux ? Pourquoi l’homme n’est-il pas, lui, banni ? Pourquoi n’est-ce pas lui que le système devrait envoyer dans un foyer pour hommes violents ?

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