Des groupes de discussion sans discussion
Hier soir je m’ennuyais, phénomène rare, je trouve en général toujours de quoi m’occuper. Mais, voilà, je m’ennuyais. Je n’avais pas forcément envie de regarder la télé, de poursuivre la série sur Netflix que je regarde en ce moment… Bref, je n’étais surtout pas fatiguée. J’avais besoin d’autre chose… J’avais envie de rejoindre l’un des groupes de discussion dans lequel je suis inscrite depuis des années sur LinkedIn.
Quelle galère !
J’ai eu l’impression de me retrouver sur YouTube. Des vidéos, en veux-tu, en voilà, des pubs sur des livres, des photos, presque de vacances, des prestations imagées sur des locations d’appartements où des w.c. et salle de bain apparaissent en gros plan…
En fait, un site genre Ebay où chacun faire son marché, vendeurs, acquéreurs. J’ai consulté au moins pendant une heure afin de trouver un centre d’intérêt sur un pseudo sujet de discussion lancé. Nada.
Il est vrai que j’ai quitté ces « forums » de discussion depuis un certain nombre d’années. Mais je ne pensais certainement pas être confronté à ça.
Que sont donc devenus ces échanges écrits, d’il y a quelques années, sur un sujet qui passionnait un bon nombre des membres du groupe au point de passer parfois des nuits blanches à y porter réflexion ? Oh bien sûr ! Nous ne tentions pas de changer le monde (enfin, un peu quand même), mais d’essayer d’apporter notre bonne pierre à l’édifice de ce monde qui semble apparemment s’écrouler sous nos yeux sans le voir vraiment.
Je me souviens des heures passées dans ma maison en Angleterre, à mon bureau situé dans l’alcôve donnant sur des sapins qui côtoyaient le ciel, à taper sur le clavier de mon ordinateur des échanges d’idées sur un sujet sociétal qui tenait à cœur des membres du groupe. Des disputes raisonnables qui en ressurgissaient. Des ententes fraternelles qui en ressortaient. Des moments de complicité virtuels. Des véritables échanges humanistes…
Bien de tout cela, il n’en reste rien.
Ces groupes ou forums de discussion, peu importe le terme donné, ne sont finalement que représentatifs de la triste société d’aujourd’hui. Et le Covid-19 n’est en rien responsable.
En fait, les gens n’échangent plus. Ils se sont confinés eux-mêmes, et ce depuis bien avant le virus, dans leur espèce de bulle où l’écoute des uns envers les autres, vice-versa, n’existe qu’en apparence sur la toile virtuelle des réseaux « sociaux », dont les réseaux sont devenus plus eux-mêmes que sociaux.
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