Pakistan : une femme condamnée à mort pour de l'eau


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Près de dix ans auparavant, une chrétienne, Asia Bibi, cueillait des baies avec trois autres femmes dans un champ du Pendjab au Pakistan. Pour se désaltérer, elle but de l'eau d'un puits dans un récipient puis le tendit à une musulmane qui refusa de boire dans le même contenant, accusant la chrétienne d' "impure". Celle-ci lui répondit alors que le prophète Mahomet serait probablement en désaccord avec ses propos. Le mollah (chef religieux islamique) local fut informé de cette altercation et déposa plainte contre Asia Bibi. Elle fut arrêtée, accusée d'avoir insulté l'Islam et condamnée à mort par pendaison. La loi au Pakistan, majoritairement musulman, interdit le blasphème qui est puni de mort.

Après ces longues années d'attente de sa sentence, n'ayant eu de cesse de se défendre en affirmant qu'elle n'avait jamais manqué de respect envers l'Islam, elle fut enfin acquittée le 31 octobre dernier. Il aura fallu une procédure juridique de nombreuses années pour arriver à ce verdict. Or, cette décision souleva un effroyable vent de colère des islamistes pakistanais. Fous de rage, ils ont manifesté par milliers en paralysant le pays durant trois jours. Ils ont bloqué les artères principales des métropoles. Des affrontements violents ont eu lieu entre les protestataires et la police locale. La sécurité a dû être renforcée dans des lieux de culte chrétiens. Un véritable déchaînement. À tel point même que la femme, âgée d'une quarantaine d'années maintenant, s'est trouvée contrainte de rester en prison malgré son acquittement.

Cette folie eut déjà été meurtrière. En 2011, alors qu'un gouverneur ainsi qu'un ministre chrétien des Minorités religieuses défendirent publiquement Asia Bibi, les plus radicaux des islamistes n'hésitèrent pas à les assassiner.

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Afin de mettre un terme à cette situation qui s'envenime dans le pays, ce 3 novembre, les autorités pakistanaises ont conclu un accord avec les protestataires. Celui-ci stipule que le gouvernement s'engage à lancer une procédure visant à interdire Asia Bibi de quitter le territoire. Mais aussi, le gouvernement ne s'opposera pas à une requête en révision du jugement d'acquittement initiée par un religieux. En parallèle, le défenseur d'Asia Bibi, l'avocat Saif-ul-Mulook, menacé par des fanatiques islamistes fuit le pays, craignant pour sa vie.

Quant au mari d'Asia Bibi, Ashiq Masih, redoutant également pour la vie de sa famille, il demande désormais l'asile aux dirigeants des États-Unis, du Royaume-Uni et du Canada pour sa famille. Dans un message vidéo, il implore l'aide de l'Américain Donald Trump, de la Britannique Theresa May ainsi que du Canadien Justin Trudeau. "Si Asia Bibi quitte le pays, chaque membre de sa famille, chaque personne associée à elle sera tuée", a ainsi déclaré le président de l'association des chrétiens pakistanais de Grande-Bretagne.

Un appel à l'aide sans réponse actuellement et Asia Bibi qui demeure incarcérée dans les geôles de Multan, au cœur du Pakistan.

Enfin, même si de leur côté certains politiques français se sont montrés volontaires pour accueillir la famille d'Asia Bibi, de manière factuelle, la conjoncture reste inchangée.

Affaire à suivre...

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