Les escargots tueurs !
En lien avec l'article de la semaine dernière relatif aux blennies, dans lequel notamment les escargots venimeux ont été évoqués, nous allons nous pencher d'un peu plus près sur ces petites bêtes à cornes.
Il s'agit des Conidae, une famille d'escargots marins. Découverte par le zoologiste John Fleming en 1822, cette famille comprend de très nombreux genres, mais principalement le genre Conus avec ses actuelles 626 espèces vivantes. Le nom commun de cette famille est Cône.
Conus geographus |
Tel que le terme l'indique, ces gastéropodes possèdent une coquille conique, dont l'aspect et les couleurs sont très variables. De taille moyenne à grande, ces escargots présentent souvent des ornementations extraordinaires sur leur coquille. La majorité se trouve dans les mers chaudes. Quelques-uns se rencontrent aussi dans les eaux tempérées.
Fréquemment nocturnes, ils sont tous des prédateurs carnivores et venimeux. Certains se nourrissent de vers, d'autres de mollusques et/ou de poissons.
Conus marmoreus |
Ils sont dotés d'une glande sécrétant une neurotoxine reliée à une dent de la radula(1) en forme de harpon. Ils s'en servent pour chasser leurs proies à distance, lesquelles sont de suite neutralisées.
En général, les cônes de petite taille laissent la sensation similaire à une piqûre d'abeille. Mais le venin de certaines grandes espèces tropicales piscivores est fatal pour l'humain. Il provoque une paralysie des muscles respiratoires entraînant la mort, dans 70 % des cas, en moins de 2 heures. Certaines conotoxines(2) affectent les voies sensitives, avec un puissant effet analgésiant, dont l'utilisation médicale est d'ailleurs actuellement à l'étude.
Conus textile |
Les cônes pouvant être dangereux pour l'humain sont principalement les Conus aulicus, Conus geographus, Conus textile, Conus tulipa et Conus striatus.
La famille des Conidae se constitue de 145 genres validés regroupant aujourd'hui 2 323 espèces différentes de cônes, selon le World Register of Marine Species (WoRMS)(3). Bien que cette famille soit typique des eaux chaudes des mers et océans tropicaux, certaines espèces se sont adaptées à des zones tempérées, comme la côte sud-africaine près du Cap de Bonne-Espérance ou les eaux plus froides de la Californie du Sud.
Conus pennaeus attaquant un Cymatium nicobaricum à Hawaï |
(1) La radula : sorte de langue munie de nombreuses dents chitineuses se situant dans la cavité buccale de certains mollusques. La chitine est le composant principal de l'exosquelette des arthropodes (crustacés, myriapodes, insectes, arachnides), également présent chez certains champignons et lichens. Le fameux chitosan en découle d'ailleurs.
(2) La conotoxine : peptide neurotoxique extrait du venin de Conidae. L'α-conotoxine (alpha-conotoxine) est une neurotoxine d'origine animale s'employant comme puissant anti-douleur aussi efficace que la morphine mais sans facteur d'accoutumance.
(3) World Register of Marine Species ou WoRMS : base de données visant à fournir une liste à jour des noms de taxons des organismes marins. Créée en 2007, elle résulte du registre européen des espèces marines. Essentiellement financé par l'Union européenne, ce registre mondial des espèces marines siège à l'Institut Marine de Flandre à Ostende en Belgique. Le WoRMS a des accords conclus avec plusieurs autres projets concernant la biodiversité et les écosystèmes, dont le Global Biodiversity Information Facility (GBIF), le système mondial d'informations sur la biodiversité, ainsi que l'Encyclopedia of Life (EOL), l'Encyclopédie de la Vie. En 2018, le WoRMS recense 243 288 espèces marines approuvées, dont 95 % vérifiées.
Commentaires
Enregistrer un commentaire