Californie : la liquéfaction, une alternative à la crémation


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Machine high-tech d'hydrolyse alcaline de l'entreprise Qico - photo Qico

En cette fin d'octobre, la Californie vient de ratifier une loi permettant aux individus de liquéfier leur corps après leur mort, une solution qui serait plus écologique et moins chère que l'incinération. C'est le 15e État des États-Unis à entériner une loi autorisant ce système pour les corps humains. Cette loi qui entrera en vigueur le 1er juillet 2020 ne connaît aucune équivalence en Europe.

Cette technique appelée "aquamation" ou "crémation sans flamme" consiste au processus chimique de l'hydrolyse alcaline. Ce procédé fut breveté aux États-Unis en 1888 pour le traitement des os et des déchets animaliers, modernisé ensuite par deux professeurs un siècle plus tard.

Le corps est ainsi liquéfié dans un "bain chimique" contenu dans une machine spéciale. Ce bain est constitué d'eau et d'un alcalin ou d'un sel dérivé d'un métal alcalino-terreux, généralement de l'hydroxyde de sodium ou de potassium ou une combinaison des deux. L'ensemble est chauffé durant plusieurs heures à 180°C pour une pression d'environ 10 bars. Cette solution dissout alors les protéines, le sang, les graisses, les muscles présents dans les tissus et les os, sachant que le pourcentage restant du corps humain est déjà de l'eau, aux alentours de 55 % chez une femme adulte de 70 kg et 60 % chez un homme aux mêmes critères. Lorsque la "cuisson" arrive à terme, le bain chimique devient un liquide de couleur café, dans lequel se retrouvent les os en poudre et les implants métalliques du défunt, les obturations dentaires en or ou en argent notamment. Les restes du corps sont retirés de la machine puis concassés dans d'autres appareils, identiques à ceux employés dans les crématoriums pour les éléments ayant résisté à l'incinération. Les os en poudre, les "cendres", sont remis aux proches dans une urne, pratique interdite en France depuis 2008.

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Unité d'hydrolyse alcaline dans un dépôt mortuaire à Windom - Minnesota - photo Joe Wilson

Concernant cette machine spéciale, son prix varie entre 150 000 $ pour la plus basique et 500 000 $ pour la plus luxueuse. Ce prix qui diffère est bien sûr en fonction du fabricant et de la rapidité de l'exécution. Par exemple, le fabricant Bio-Response Solutions facture 150 000 $ pour une machine effectuant une dissolution complète en 16 heures et 220 000 $ en 3 heures.

Bien que cette méthode puisse paraître quelque peu rebutante, elle séduirait pourtant de plus en plus de directeurs de morgue aux États-Unis, selon la société californienne Qico, l'entreprise de "crémation durable". D'ailleurs, elle n'hésite pas à mettre en avant sur son site Internet l'atout écologique de ce procédé : "la liquéfaction émet un tiers de moins de gaz à effet de serre que la crémation". Elle prétend également que le coût de ce dispositif revient moins cher aux proches qu'un enterrement ou une incinération.

Cependant, cette alternative est devenue un sujet à polémique outre-Atlantique, ce que The New York Times a rapporté, dont des témoignages déplorent que le liquide soit rejeté dans les égouts locaux alors que ce fluide riche en nutriments pourrait servir d'engrais. Mais aussi, cette controverse ne semble pas s'appliquer qu'outre-Atlantique, car même si cette pratique est utilisée pour les restes d'animaux, il n'est pas certain pour le moment que les Américains adhèrent à cette méthode peu orthodoxe.

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Unité d'hydrolyse alcaline de l'entreprise Bio-Response Solutions à Danville - Californie - photo Joe Wilson

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