Équateur : des centres de tortures pour gays
Paola Paredes, photographe équatorienne de 31 ans, a réalisé une série de clichés choc reconstituant la vie de patients gays dans des centres de "cures" afin d'être "guéris" de leur "mal". Intitulées "Until You Change" (jusqu'à ce que tu changes), ces photos montrent l'horreur qu'ont subi ces personnes, essentiellement des femmes.
Ce n'est qu'en 2013 que la photographe apprend l'existence de ces centres de détention illégaux dans le pays. Elle mettra des années à regrouper les témoignages de ces femmes ayant enduré les pires traitements.
Ces 200 instituts, officiellement déclarés comme centres de traitement contre l'addiction à l'alcool ou à la drogue, ouvrent leurs portes sous la protection policière afin d'accueillir en majorité des lesbiennes ou transgenres et les traiter pour qu'elles deviennent hétéros. Situés dans des petits villages excentrés, ces centres usent des pires tortures à l'encontre de ces femmes. Les parents eux-mêmes de ces dernières vont jusqu'à débourser 450 € par mois pour que leur fille guérisse.
Forcées à ingurgiter des boissons immondes, à rester dans une baignoire d'eau glacée, elles sont aussi ligotées, électrocutées, violées par le personnel masculin travaillant dans ces centres "dans le cadre de leur traitement", battues avec des câbles électriques, exorcisées même parfois, obligées de lire la Bible, d'avaler tous les jours des médicaments, dont elles ignorent la composition, leur créant soit des insomnies ou des pertes de mémoire. Éprouvant également des sévices psychologiques, ces femmes ressortent marquées à vie de ces établissements.
Bien que ces "cliniques privées" soient illégales en Équateur, puisque d'ailleurs en 2011 le Ministère de la santé en a fermé 30, plusieurs ont rouvert et d'autres demeurent en place à cause de la corruption de la police notamment. Des policiers alertent les centres lorsqu'ils savent qu'ils vont être contrôlés afin qu'ils cachent ces femmes.
Je vous laisse continuer de consulter ces quelques photos qui parlent d'elles-mêmes :
Ces clichés ont été pris dans des centres similaires, tel que l'a expliqué Paola Paredes : "Dans le cadre de ce projet, il y avait deux difficultés principales : je ne pouvais pas aller dans ces centres pour les photographier et les victimes ne voulaient pas être prises en photo. Par conséquent, j’ai pris les photos dans une dizaine de lieux ressemblant à ces centres – une prison abandonnée par exemple – à Quito. Et j’ai choisi d’apparaître dessus, avec des acteurs. Toutes ces images ont été prises entre juillet et septembre 2016 et correspondent à des situations vécues par les victimes."
N.B. : Ces photos sont peut-être soumises à droits réservés. Si tel est le cas et que l'auteur de ces dernières souhaite que les enlève, je respecterai sa volonté.
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