Josephine Kulea


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C'est bientôt Noël. Ce moment de l'année qui représente un instant de partage avec ceux que l'on aime. Cette nuit où certains attendent le fameux miracle ou d'autres de voir un avènement de quelque chose. C'est aussi la période où l'on commence à faire le bilan de l'année en pesant sur la balance le bon et le mauvais. Peu importe. C'est surtout le temps de l'espoir...

Et Josephine Kulea est une jeune femme qui incarne cet espoir pour la jeune génération de femmes et celle à venir au Kenya. Plus qu'une simple icône, elle est une véritable héroïne.

Âgée de 32 ans, infirmière de formation et fondatrice de Samburu Girls Foundation (SGF) aidant les filles de sa tribu et celles des 4 comtés kényans au centre et au nord du pays, elle se bat depuis plus de 10 ans contre les violences subies par les filles et les femmes, l'excision ainsi que les mariages forcés chez les mineures. De par son combat long et encore loin d'être fini, 1 000 mineures ont été sauvées.

Bien que le Kenya semble être le pays symbole en Afrique de lutte contre les mutilations génitales, puisque cette pratique est interdite par une loi depuis 2011 et grâce à laquelle le nombre de femmes concernées ait diminué considérablement, certaines contrées reculées du pays continuent à la réaliser au regard des traditions qui restent encore très enracinées. Pour ces mêmes raisons traditionnelles, beaucoup de mineures sont également menacées par les mariages forcés.

Et cette période précise de l'année est plus importante que jamais, comme elle l'a spécifié au journal Monde Afrique lors de son portrait : "La situation est critique. En ce moment, pour les enfants, c’est les grandes vacances. C’est la période où on a le plus de mariages forcés et d’excisions. On reçoit tous les jours des appels au secours."

Ainsi, afin de mener à bien sa mission, elle peut compter d'une part sur le soutien d'autres femmes refusant de perpétuer ces traditions et d'autre part sur son équipe. Accompagnée de la police, elle intervient alors pendant les cérémonies pour les empêcher de se produire. Cette action lui a bien sûr valu de nombreuses menaces de mort et venant parfois même de sa propre famille, hormis sa mère dont elle a pris la relève de son combat, qui "a organisé des cérémonies traditionnelles, priant pour ma mort !"

Mais, son combat ne s'arrête pas là. Elle donne aux filles sauvées un accès à l'éducation en les aidant financièrement dans leurs études. Et cette aide est apportée sans aucun soutien du Gouvernement ni de l’Église qui condamnent pourtant ces violences. Josephine Kulea a dû bien souvent puiser dans ses propres revenus pour cette aide éducative.

Actuellement dans le centre qu'elle a créé une centaine de mineures y est hébergée, car souvent abandonnées par leur famille après avoir évité l'excision ou le mariage précoce. Le centre accueille également des bébés issus de viol autorisé par le "perlage", tradition de la tribu des Samburus qui attache un collier rouge autour du cou des fillettes dès l'âge de 9 ans et donne ainsi la permission au "fiancé", la plupart du temps un proche plus âgé, à avoir des rapports sexuels avec.

En outre, conscience du rôle important de l'homme dans la culture kényane, elle met en place des campagnes de sensibilisation visant le grand public, plus précisément masculin.

Son action a d'ailleurs été saluée par Michael Ranneberger, ancien ambassadeur américain au Kenya, ainsi que par le Président américain sortant, Barack Obama, lors de son passage à Nairobi l'an passé. Lors de son intervention s'adressant à la jeunesse, Barack Obama a félicité le formidable travail de Josephine Kulea et a conclu : "Elle me donne de l'espoir."

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