Adrien Borne
Nous
remarquons le plus souvent les faits divers liés aux violences
conjugales, les viols, les harcèlements sexuels ou encore les divers
actes de barbarie dont sont victimes les femmes. Nous constatons
également depuis un certain temps que ces femmes commencent à briser le
silence par rapport à ces violences. Nous sommes attachés, du reste, à
ces faits. Nous pensons peut-être aussi qu'il est davantage dans l'air
du temps de laisser enfin la parole à ces femmes blessées.
Moi
la première, d'ailleurs, en tant que défenseur infatigable de la cause
féminine, non féministe, je ne fais essentiellement référence qu'aux
atrocités faites aux femmes.
Or, les hommes ?
Certains
n'ont-ils pas non plus subi des violences qui leur sont tout autant
douloureuses à évoquer ? Et surtout pour les hommes ? Leur image est
perçue si différemment de la nôtre, qu'il est peut-être même plus
difficile pour eux de se confier sur leur intimité ?
En tout cas, il y a en un qui a décidé de suivre la voie et la voix de ces femmes, qui a osé !
Et c'est cet homme mon grand coup de cœur de cette semaine !
Il s'appelle Adrien Borne, ancien journaliste-présentateur et reporter politique à la radio RTL, puis présentateur et rédacteur en chef adjoint de la matinale à la radio RMC info, il est aujourd'hui journaliste présentant le 10h-13h de la chaîne d'information iTélé, filiale du groupe Canal+
C'est
alors qu'il a décidé le 11 avril dernier de rompre le silence sur la
terrible violence qu'il a vécu au travers d'un puissant témoignage sur
sa page Facebook.
Il
y a 20 ans de cela, il a été victime d'actes de pédophilie répétés au
cours d'une colonie de vacances, alors qu'il n'était âgé que de 13 ans.
Il commence son témoignage par ces mots :
"Moi, victime d'un pédophile, je voulais vous dire... "
Il
poursuit ensuite avec force en racontant avec des mots simples et
directs ce qu'il a vécu tant sur le plan physique qu'émotionnel, ces
mots si simples, si faciles, qu'ils nous serrent la gorge, le cœur, les
tripes... en nous faisant monter les larmes aux yeux malgré nous.
Il exprime son silence pesant, sa douleur, sa peur, sa culpabilité... et la vie qui a suivi son cours malgré tout.
Puis,
il continue en employant le "tu", comme nous le ferions dans une
conversation entre inconnus qui viendraient de se rencontrer, se sentir
ensuite à l'aise et commencer ainsi à se créer une sorte de lien qui ne
pourrait s'expliquer juste par des paroles.
Et il termine par ses phrases :
"Te
dire que je veux te parler à toi, victime de leurs mains et de leur
sentiment de puissance. Te dire que nous ne périrons pas de leur
violence. Qu’il ne faut pas avoir peur de hurler, ne pas avoir peur de
chuchoter ou de murmurer, ne pas avoir peur de nommer. Non. Pour toi et
pour les autres que tu sauveras. Il faut dire. Dire encore. Dire que
notre enfance n’est pas un terrain de jeu pour adulte. Dire que nous
rendrons les coups.
Voilà
je voulais dire tout cela. A l’heure où la parole retrouve un sens. Je
voudrais de l’écho, de la résonance, des vibrations. Et te dire à toi
qu’il n’est jamais trop tard et que la vie nous appartient."
Sans aucune haine ni volonté de vengeance ressenties ou exprimées envers son bourreau, mais plutôt de l'indifférence, puisque l'indifférence est le plus grand des mépris, comme le dit si justement l'adage, ce témoignage bouleversant nous frappe en plein dans l'âme.
Enfin,
il lui a fallu peut-être 20 ans pour se pardonner, sans pour autant
accepter, 20 ans pour combattre ses douleurs, sans pour autant qu'elles
ne s'effacent, mais quoi qu'il en soit, il vaut mieux tard que jamais et
peut-être que son témoignage en appellera beaucoup d'autres afin que
les victimes cessent toujours d'être considérées comme telles et que les
bourreaux cessent aussi d'être protégés, soignés par la société comme
des malades, non comme ils le devraient l'être en réalité, tels des
hommes qui ont définitivement perdu le droit d'être appelés des
Hommes...
Commentaires
Enregistrer un commentaire