En Syrie, deux femmes au cœur de Daesh…
Une vidéo rare a été diffusée le 14 mars dernier par le média suédois Expressen TV révélant
les images filmées en caméra cachée par deux femmes, Oum Omran et Om
Muhammad, qui ont fait preuve d'un courage incroyable en prenant le
risque au péril de leur vie de réaliser ce documentaire en plein cœur du
royaume dictatorial de Daesh, car si l'un des membres du groupe
terroriste les avait surprises, elles auraient été condamnées à mort par
lapidation.
En filmant ainsi le quotidien des habitants dans
les rues de Raqqa, ville syrienne devenue la capitale de la région contrôlée
par Daesh qui s'en est emparée en 2013, elles ont voulu montrer aux yeux du
monde la vie morbide de cette ville désolée, rythmée par la terreur et la
violence.
Couverte entièrement d'un niqab, elles ont
arpenté les rues de cette cité quasi-déserte où des hommes lourdement armés
patrouillent et où ne résonne plus que le bruit des moteurs des voitures.
Commentant parfois en direct ce qu'elles pouvaient voir, elles ont de même
rapporté la violence dont elles ont été elles-mêmes les témoins.
Depuis 2013, cette ville comptant 200 000
habitants vit sous le joug de la loi coranique où les punitions religieuses
sont communes.
Dans cette vidéo, les deux femmes montrent
notamment un magasin vendant, parmi ses produits, des teintures pour cheveux
dont le visage des mannequins sur la boîte a été entièrement noirci au marqueur
et le vendeur qui rétorque alors : "Comme ça, elles portent le
niqab" L'une d'elles déclare : "Toutes les femmes aiment
montrer leur visage. On a perdu cette option. On a perdu notre féminité. […] Si
je vais dans la rue en portant des talons hauts, des vêtements colorés, et que
mes yeux apparaissent, la police religieuse viendra, armée et en uniforme, et
me jettera dans une voiture."
Plus tard dans un taxi, le chauffeur qui s'est
autant risqué à les prendre en course, puisque accepter à bord de son véhicule
des femmes seules est passible de 30 coups de fouet, se confie discrètement en
expliquant qu'il a été contraint d'acheter un niqab à sa fille suite à son
arrestation par l'un des membres armés du groupe terroriste qui l'avait menacée
de la frapper et de la lapider si elle ne se couvrait pas.
Leur parcours se poursuit dans un ancien quartier
riche de la ville où les propriétaires des luxueuses demeures ont été tous
délogés ou tués afin que les combattants puissent s'y installer. L'une des deux
femmes spécifie : "Ils viennent de partout, même d'Europe, mais ils
sont principalement saoudiens."
Montrant également des scènes d'une insoutenable
violence, telle que la mise à mort d'un jeune homme jeté en haut d'une tour
pour son homosexualité, elles racontent d'autres scènes auxquelles elles ont
été témoins, notamment l'exécution d'un jeune homme sur la place publique par 5
soldats qui lui ont tiré dessus à tour de rôle avant de, comme l'une d'elles le
détaille "profaner son corps, de le décapiter et de mettre sa
tête sur un pic pour que tout le monde le voie. Parfois ils laissent les corps
sur la route et obligent les voitures à rouler dessus jusqu'à ce qu'il n'en
reste plus rien et qu'ils se confondent avec le sol." L'une d'elles
déclare aussi : "Un jour, j’allais au marché. Il y avait des
rassemblements de gens et le bus s’est arrêté. Il y avait des exécutions
publiques. C’était juste au carrefour Al-Naim." Et régulièrement,
elles entendent des rumeurs sur des femmes lapidées dans un lieu dédié.
Ces deux courageuses femmes souhaitent évidemment
quitter ce lieu maudit, mais avant elles veulent secourir une amie enceinte,
dont l'enfant a été conçu hors mariage et enfant gagé à une mort certaine.
Alors, comme aucun médecin ne se risquerait de pratiquer un avortement, elles
se sont procurées des pilules abortives pour le faire à domicile. L'une d'elles
explique : "Si elle gardait l'enfant, ils demanderaient qui est le
père. Que pourrait-elle dire ? Ils la lapideraient à mort."
Dans la ville de Raqqa, les femmes ne sortent
presque plus par peur du moindre écart pouvant les condamner à mort. Et l'une
des deux syriennes conclut : "J'aspire à enlever pour de bon mon niqab
et ces ténèbres qui nous cachent le monde. Je veux sortir seule, libre. Rien n'est
plus important que la liberté."
"Absolument horrifiant. Cela semble tiré
d’une fiction ou d’un mauvais rêve", "C’est la pire dystopie
post-apocalyptique qu’on puisse imaginer", "Cela semble
irréel. Je ne peux pas imaginer ma ville comme ça"… Telles ont été
les réactions des internautes sur le site communautaire Reddit après
la diffusion de cette vidéo.
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