Afrique du Sud : la "bourse des vierges"
Dans
le courant janvier, la ville d'Uthukela, située dans le sud-est de
l'Afrique du Sud, a décidé d'ouvrir une nouvelle bourse réservée aux
filles, mais les bénéficiaires devront remplir deux conditions, avoir eu
d’excellentes notes au lycée et rester vierge.
Les jeunes femmes qui voudront conserver leur
bourse devront se soumettre à un test de virginité chaque semestre et au retour
de vacances, test toujours légal en Afrique du Sud tandis que celui-ci est
estimé comme une violation sexuelle par l'Organisation Mondiale de la Santé
(OMS), et si le test ne s'avère pas concluant, elles se verront tout simplement
retirer leur bourse.
Une pratique inconcevable et dégradante qui ne
peut de surcroît garantir la virginité d'une femme, surtout que cette méthode
exclue les jeunes femmes victimes de viol dans un pays où les agressions
sexuelles sont usuelles.
Alors que nous considérons à juste titre que
cette décision bafoue les droits fondamentaux des femmes à disposer de leur
corps et à l'éducation, les officiels de la ville ne l'entendent pas de la même
manière.
Madame le maire de la ville, Dudu Maziko, a ainsi
déclaré à l'AFP : "Pour nous, c’est une manière de vous remercier pour
votre pureté et vous pouvez continuer à vous protéger les trois prochaines
années, jusqu’à l’obtention de votre diplôme ou de votre certificat d’études."
Et le porte-parole de la mairie, Jabulani Mkhonza, a ajouté : "Cette
demande aux jeunes filles de rester pures, ne pas devenir sexuellement actives
est un moyen de les faire se concentrer sur leurs études ainsi que de les
protéger des grossesses précoces et des MST." Bien que de nombreuses
études aient démontré que l'abstinence n'était pas la bonne solution en la
matière.
En outre, cette façon de penser élude les sujets
de la sexualité ou de la contraception qui ne sont donc pas abordés et ce
silence ne peut qu'alors favoriser cette problématique des grossesses précoces
et des MST que la ville dit vouloir enrayer. Sachant aussi que cette abstinence
n'étant imposée qu'aux femmes, cette décision déculpabilise entièrement les
hommes qui ont pourtant leur part de responsabilité dans les deux cas.
Cette "bourse des vierges" a évidemment
provoqué une vive réaction de nombreuses associations de défense des droits de
la femme ainsi que l'indignation dans le pays.
Le président de la Commission pour l'égalité des
genres, Mfanozelwe, a ainsi déclaré : "Je pense que les intentions du
maire sont bonnes mais nous n’acceptons pas que la virginité soit une condition
à remplir pour obtenir une bourse. Cette discrimination basée sur la grossesse,
la virginité et même contre les garçons est problématique. Ça va trop
loin."
Malheureusement, malgré que cette décision soit
choquante, elle risquerait de connaître un certain succès, car les frais de
scolarité en Afrique du Sud sont très élevés, ayant même eu une augmentation
l'an passé. Selon le journal Libération, "à l’université de
Witwatersrand à Johannesburg par exemple, l’année coûte entre 1930 euros et
3800 euros alors que le revenu moyen d’un salarié ne dépasse pas 979 euros par
mois." Une situation économique ardue qui nécessite donc le besoin de
bourses pour beaucoup et qui offre surtout l'opportunité à certains d'abuser au
point de demander aux jeunes femmes de renoncer à leurs droits fondamentaux.
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