Urmila Chaudhary
Urmila
Chaudhary est une jeune Népalaise de 26 ans, ambassadrice de l'ONG Plan
International et militante pour l'éducation des filles.
Échangée par sa famille contre 25 euros lors du Maghi, Jour de l'An célébré le 15 janvier, à l'âge de 6 ans, elle devient une Kamalari, domestique, travaillant pour le compte d'une famille riche népalaise et pour une durée indéterminée, tout comme sa grand-mère, sa mère et ses sœurs avant elle. Vendre son enfant, pendant cette période de l'année est une tradition chez le peuple Tharu, une ethnie très pauvre, dont elle est issue.
À cet effet, Urmila déclare : "Ils
viennent à la recherche de petites filles, entre 8 et 14 ans, mais pas plus car
il faut qu'elles soient obéissantes." Puis, ajoute, suite au
désaccord immédiat de son frère : "L'homme a été très malin. Il a
promis que j'irai à l'école avec ses enfants, mais c'était une simple promesse
verbale."
Dans cette famille, seule domestique, elle doit
s'occuper de toute la maison. À ce sujet, elle explique : "Je me
levais à 5 heures du matin, je devais aller chercher de l'eau, je cuisinais, je
nettoyais, j'emmenais les enfants à l'école... Je faisais tout et je n'avais
pas le temps de me reposer. Généralement, je finissais ma journée vers 11
heures du soir." Quant à la nuit, Urmila dort dans la chambre de la
grand-mère sur le sol avec une simple couverture. Elle est également interdite
de manger les repas qu'elle prépare ainsi que de s'asseoir. Elle reste 8 ans
dans cette famille durant lesquels elle ne verra que ses parents deux fois.
"Il n'y avait personne pour me rassurer quand ça n'allait pas.
Personne pour me prendre dans ses bras. Ce qui me manquait aussi, c'était de ne
pas pouvoir jouer avec les enfants, m'amuser. Tout ce que je faisais, c'était
ramasser leurs jouets.", dit-elle.
À l'âge de 14 ans, elle est transférée dans une
autre maison, dans laquelle vit seule une politicienne. Elle n'a pas le droit
de parler, de sortir de la propriété, de regarder le journal et doit se plier à
la moindre volonté de sa maîtresse qui la bat.
Retrouvée ensuite par son frère et aidée par
l'ONG Plan International et les ONG locales, elle recouvre enfin sa liberté à
l'âge de 17 ans. Privée d'éducation durant tout ce temps, après plus de 12 ans
d'esclavage, Urmila retourne à l'école et rejoint la lutte contre le système
des Kamalari afin d'aider d'autres jeunes filles à regagner leur liberté.
Quelques années plus tard, elle reçoit le Prix pour l'éducation de la jeunesse
et le courage de l'ONU et devient présidente du Freed Kamlari Development
Forum (FKDF), organisation à but non lucratif fondée en 2010 par la Nepal
Youth Foundation (NYF), basée aux États-Unis, accueillant
d'anciennes esclaves afin de leur fournir une éducation et des possibilités
pour devenir autonomes et aidant les autorités à repérer celles qui sont encore
exploitées.
Grâce aux actions locales des associations et de
l'ONG Plan International, 3 700 filles ont été libérées depuis 2006, mais elles
sont encore entre 12 000 et 13 000 Kamalari dans le pays, malgré la déclaration
du gouvernement sur ce système illégal.
Urmila poursuit donc son combat au Népal et
ailleurs en prenant son rôle d'ambassadrice très au sérieux. Elle projette
aussi de devenir avocate. Sur ce point, elle déclare : "Si je n'étais
pas allée à l'école, je ne serais pas là. Je veux changer les choses, pour moi
mais aussi pour les autres. L'éducation est primordiale." Étudiante
très studieuse, elle emporte avec elle ses livres partout car "Ils
m'apportent de nouvelles connaissances !", souligne-t-elle avec
enthousiasme.
Lucide de la pauvreté qui représente un obstacle
majeur dans d'innombrables régions du monde, elle sollicite les jeunes filles
de ne pas se laisser prendre dans cette tourmente et "de ne pas perdre
leur cœur car elles peuvent aller loin et elles trouveront de bons emplois où
elles veulent après.", puis présente fièrement le prospectus du FKDF
en concluant : "Vous voyez la jeune fille sur cette photo ?
C'était une Kamalari. Elle est retournée à l'école après avoir été libérée et
aujourd'hui, c'est elle qui enseigne aux élèves que nous aidons."
Alors que tant de jeunes chez
nous ont un taux élevé d'absentéisme à l'école, rechignent à accomplir
certaines petites tâches ménagères, se plaignent parfois de ne pas pouvoir
sortir avec un copain ou une copine quand ils le veulent ou pleurnichent sur la
difficulté de certains de leurs devoirs scolaires, Urmila nous donne au travers
de son histoire et de son combat une bonne leçon de courage dont ces jeunes
devraient s'inspirer.
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