Le rap contre le rape
Alors
que la population indienne se mobilise, encore et encore, dans les rues
sous la forme de manifestations diverses depuis plusieurs jours pour
protester contre le viol en réunion d'une religieuse septuagénaire qui a
eu lieu le week end de la mi-mars, deux jeunes indiennes, Uppekha Jain
et Pankhuri Awasthi, luttent à leur façon à travers leur clip de rap
qu'elles ont posté le 16 mars dernier sur YouTube en dénonçant les
violences sexuelles que subissent les femmes dans le pays ainsi que le
laxisme des autorités indiennes face à ce fléau.
Ce clip intitulé #RapAgainstRape, "le rap contre le
viol", débute par ce texte écrit en blanc sur fond noir :
"DENI
Vous n'avez pas à lire
ceci.
C'est seulement un déni standard.
Cette vidéo n'a aucun contenu formel ou banal.
C'est juste que la réalité des femmes en Inde est formelle.
C'est seulement un déni standard.
Cette vidéo n'a aucun contenu formel ou banal.
C'est juste que la réalité des femmes en Inde est formelle.
Masculine
- adjectif
Les hommes qui sont assez évolués pour supporter la fabrication de cette vidéo"
- adjectif
Les hommes qui sont assez évolués pour supporter la fabrication de cette vidéo"
Les deux jeunes rappeuses apparaissent alors avec
chacune un grand bloc-notes dans les mains. Sans aucune musique
d'accompagnement, mélangeant les langues anglaise et indienne, elles récitent
leur texte. À la manière d'un dialogue, chacune leur tour, elles martèlent
leur propos en l'appuyant d'un mot clef, précédé d'un hashtag, noté sur chaque
page de leur bloc-notes qu'elles montrent au fur et à mesure à la caméra.
Ainsi, au début du rap, la première jeune fille
révèle l'inscription #Rape (viol), la seconde poursuit le dialogue en dévoilant
l'inscription #Misogyny (Misogynie), la première reprend en présentant
l'inscription #FemaleFoeticide (Meurtre d'un fœtus femelle), où à l'apparition
de cette dernière une sorte d'encart publicitaire, sur lequel se voit un
nourrisson en position fœtale dans les mains d'un homme et au-dessus duquel est
marquée la phrase "10 millions de filles tués en Inde en 20 ans",
s'affiche pour venir recouvrir l'inscription. La seconde rappeuse tout en
prononçant ces mots : "voyez-vous l'hypocrisie présente dans ce que
nous appelons fièrement la plus grande démocratie du monde" expose
l'inscription #Hypocrisy, (Hypocrisie) accompagné d'un autre encart
publicitaire ; un dessin en couleur sur lequel est représenté d'un côté un
groupe de trois filles et un garçon sous lequel se lit le mot "STUD"
(goujon) et de l'autre côté, un groupe de trois garçons et une fille sous lequel
le mot "SLUT" (souillon) est écrit.
Ainsi de suite, le rap continue sur le même style
avec des paroles fortes, les mots clés qui les accompagnent et les encarts
publicitaires chocs : "Au lieu d'interdire les gros mots et les
sous-vêtements sexy, pourquoi ils ne bannissent pas les criminels du Parlement
? […] Je vais porter ce que je veux, même si c'est mini. C'est juste une
robe, ne pensez pas une seule seconde que cela signifie 'oui' " Les
jeunes rappeuses interpellent aussi leurs concitoyens : "Arrêtez de
tweeter et levez-vous […] Il est temps pour notre société d'être
plus civilisée. Nous ne serons pas les spectateurs de votre mauvaise
conduite." Et le rap se termine par un encart noir qui s'affiche sur
chaque bloc-notes, donnant ainsi l'impression d'une ardoise d'écolier, dont sur
l'un est inscrit en blanc "#BomBaebs' Rule # 1 :" et sur l'autre,
toujours en blanc, "Don't Stay SILENT !" (Ne restez pas silencieux)
Aujourd'hui, la vidéo a été visionnée plus de 150
000 fois. Et pour cause, ces jeunes femmes abordent un sujet très sérieux que
les autorités indiennes semblent absolument vouloir éviter, puisqu'en début
mars, à l'occasion de la journée internationale de la femme, un documentaire
sur le viol de New Delhi, produit par la réalisatrice Leslee Udwin, s'est vu
interdire de diffusion par les autorités. En rappel, le 16 décembre 2012, une
jeune étudiante de 23 ans, Jyoti Singh, qui après avoir été violée par 5 hommes
et 1 mineur de 17 ans, éviscérée puis jetée dans la rue, mourut 13 jours plus
tard ; fait qui souleva une véritable vague d'indignation en Inde.
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