FEMEN : pour ou contre ?
Le
20 décembre 2013, une jeune femme de 31 ans, membre alors des Femen,
s'était exposée debout, seins nus et bras écartés, tenant dans chaque
main des morceaux de foie de veau sanguinolents symbolisant le fœtus
avorté de Jésus, sur l'autel de l'église de la Madeleine à Paris pour
protester contre la prise de position de l’Église sur l'avortement,
notamment en Espagne où ce droit allait être réduit. Sur son dos était
inscrit "Christmas is cancelled" et sur son ventre se lisait en grosses lettres rouges la phrase "344è salope",
en référence aux "343 salopes", ces femmes qui, en 1971, avaient pris
position pour le droit à l'avortement en France. Par son geste, la jeune
femme avait voulu dénoncer la rétrogradation de ce droit à l'IVG en
Espagne et du soutien de l’Église.
Le 18 décembre 2014, l'ex-Femen a été condamnée à
un mois de prison avec sursis assorti d'une amende de 1500 euros pour
"exhibition sexuelle" et de 2000 euros de dommages et intérêts à
verser au curé de la Madeleine.
Bien qu'elle ait quitté le mouvement, les Femen
soutiennent la jeune femme. Pour la défendre, l'une de ses membres, Inna
Schevchenko, a d'ailleurs adressé cette lettre à la ministre de la
Justice, Christiane Taubira : "A travers nos actions torse peint,
nous entendons dénoncer l'hyper sexualisation du corps de la femme. Celui-là
même qui est affiché de manière outrancière et réduit à un objet de
consommation, souvent sans visage, dans l'espace public. Femen se saisit de ce
corps et le propose comme acteur et sujet politique de notre société soi-disant
moderne où les valeurs conservatrices et traditionalistes refont
perpétuellement surface. Femen s'insurge contre la vision patriarcale qui colle
aux corps des femmes. Femen peint des messages politiques sur ses seins pour
protester contre cette représentation pervertie de nos corps. Nous reprenons
possession de nos corps et nous les confrontons aux mœurs qui se doivent d'être
bousculées pour obtenir l'égalité. Alors, nous nous adressons à vous, madame la
ministre, à vous qui devez quotidiennement faire face à la misogynie puritaine
et stagnante qui gangrène notre société et vous demandons : sommes-nous, par
ces actes, des exhibitionnistes ? Des personnes coupables d'une pulsion
sexuelle pathologique, d'une action annihilante et purement individualiste ?"
Lorsque je prends note de cette information, de
cette condamnation par la Justice, alors que cette même Justice libère des
violeurs, des pédophiles, ou ne les emprisonne même pas sous prétexte d'une
erreur de dossier, et lorsque je lis la lettre de ce membre Femen, alors
en tant que femme, je crie haut et fort :
POUR !
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