Île-aux-Moines
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Commune française, située dans le département du Morbihan en région Bretagne, elle est constituée de l’île aux Moines, la plus grande île du golfe du Morbihan, de l’île de Creïzic, de l’île d’Holavre et des deux îles de Brouël.
Le nom breton de la commune est Enizenac’h, plus communément Izenah.
Elle fut successivement appelée Crialeis, « croix courte », en 856 dans le cartulaire de Redon sous la forme « Crialeis, id est enes-manac ad faba », puis Enez manac’h, selon la graphie du 11è siècle Enest Manach, qui donna la contraction du breton actuel en Enizenac’h. « Île-aux-Moines » n’est que la traduction imprécise du toponyme breton qui ne parle que d’un moine, il est possible que l’île ait été le refuge d’un moine ermite, alors que la francisation en voit plusieurs.
La légende de la châtelaine : Cf. Île d’Arz.
Histoire :
Elle fut habitée depuis l’époque néolithique comme l’attestent les dolmens encore visibles et d’autres vestiges.
Des traces d’occupation à l’époque gallo-romaine furent également découvertes au bourg.
En 1827, l’existence du cromlech de Kergonan fut mentionnée pour la première fois. En 1862, il fut classé monument historique. Il ne subsiste plus que 24 des 36 menhirs décomptés en 1877, ceux-ci formant dès lors une enceinte en forme de fer à cheval de 96 mètres d’ouverture et de 70 mètres de profondeur. Le plus grand est surnommé « Le Moine », de par son aspect ressemblant très vaguement à celui d’un moine. En 1923, l’archéologue et historien français Zacharie Le Rouzic observa qu’une hache était gravée sur l’un des menhirs. En 1929, l’archiviste et historien français René Merlet démontra que le cromlech de Kergonan et le cromlech d’Er Lannic formaient un ensemble. Pour un observateur situé à Er Lannic, le soleil lors du solstice d’été se lève exactement sur une ligne passant par la pointe de l’un des menhirs de Kergonan, intégré en 1825 dans une maison, et le centre de l’ellipse formé par le cromlech de Kergonan. René Merlet dressa aussi un plan très précis du monument et data le cromlech entre mai et mars avant notre ère. Deux dolmens à couloir se trouvent l’un à Kerno et l’autre à Penhap. Deux petits dolmens sont situés côte à côte à Pen Nioul.
En 1904, une boîte en fer cachée dans un muret de pierres sèches et contenant des pièces de Louis le Débonnaire, mort en 840, fut découverte à Kerscot.
Au Moyen-Âge, l’Île-aux-Moines fut issue d’un démembrement de la paroisse de Ploeren, à l’image de sa paroisse-mère Arradon.
En 854, ou du moins entre juillet 851 et le 28 septembre 855, le roi de Bretagne Erispoë fit don de cette paroisse au fondateur de l’abbaye Saint-Sauveur de Redon, Conwoion, créée par son père Nominoë. L’île servit alors de grenier pour l’abbaye.
Après les invasions normandes du 10è siècle, l’île fut rattachée à la paroisse d’Arradon.
En 1532, le premier manoir du Guéric fut mentionné. Il appartenait à Olivier d’Arradon et à son épouse Louise de Quélen. En 1669, Henry Daviers acheta le manoir, dit manoir Sainte-Anne. Selon A. Marteville et P. Varin, continuateurs d’Ogée, une famille irlandaise immigrée en France lors de l’exode de Jacques II, probablement à la suite de la bataille de la Boyne en 1690, aurait construisit la maison de campagne du Guéric, apportant avec elle deux statues de la Vierge Marie, dont l’une est encore dans la chapelle du Guéric et l’autre fut transportée à Hennebont. Le château actuel aurait été construit par la famille Guillo du Bodan à la fin du 18è siècle.
En 1543, l’Île-aux-Moines fut érigée en trève, une succursale de paroisse, soit une subdivision rendue nécessaire par l’éloignement du lieu de culte paroissial, sous le nom de trève de Saint-Michel, dépendant de la paroisse d’Arradon. Au 16è siècle, des fonts baptismaux furent érigés dans la chapelle tréviale Saint-Michel, évitant aux insulaires de devoir se rendre à Arradon pour les baptêmes.
En 1792, elle devint une commune sous le nom francisé d’Isle-aux-Moines. Durant la Révolution française, la commune porta provisoirement le nom d’Isle-du-Morbihan.
En 1802, l’église paroissiale Saint-Michel fut construite en 1802. Elle fut été agrandie à trois reprises par la suite en 1871, 1902 et 1931.
Un décret de 1829 décida que « les pilotes de Locmariaquer et de Port-Navalo feront à tour de rôle l’entrée des bâtiments [dans le Golfe du Morbihan] jusqu’à destination ; ceux de l’île aux Moines et de l’île d’Arz feront aussi, à tour de rôle, la sortie des bâtiments ».
En 1887, une délégation des royalistes de Vannes, d’Arradon, de Plescop, de Sarzeau, de Theix, de l’Île-aux-Moines et de Saint-Avé se rendit à Jersey afin d’y rencontrer le comte de Paris qui y était en exil.
En 1888, le journal Le Constitutionnel fit référence à une brochure du docteur J.-J. Mauricet, qui exerça la médecine sur l’île pendant une cinquantaine d’années et en publia un assez long extrait.
Un décret du 16 août 1888 du préfet du Morbihan laïcise l’école congréganiste des garçons de l’Île-aux-Moines.
En 1889, Benjamin Girard écrivit qu’à l’Île-aux-Moines « la population est en général aisée ; les hommes sont presque tous marins. L’île fournit un grand nombre de capitaines au long-cours et de maîtres au cabotage ».
Au 20è siècle, en 1901, le docteur Motel, à Arradon, demanda l’adoption d’un tarif spécial pour ses visites à l’Île-aux-Moines en raison du « retard résultant du passage par eau et du défaut de moyens de communications dans l’intérieur de l’île ».
En 1912, le romancier, poète, peintre et photographe français Charles Géniaux décrivit l’île-aux-Moines comme « l’île demeure merveilleuse avec ses chemins creux, ses peupliers sensibles au bord des prés, et ses sentiers pittoresques tracés par la libre fantaisie des habitants, qui bâtirent sans souci des tracés linéaires […] c’est ici l’île des femmes ! Les hommes bourlinguent […] l’île de la propreté méticuleuse. Son sol est tenu comme le plancher d’un navire de guerre, et ses maisons, fraîchement chaulées ».
Une plaque commémorative située dans l’église paroissiale porte les noms de 26 marins et soldats morts pour la France, durant la Première Guerre mondiale.
En 1918, les habitants de l’Île-aux-Moines se plaignirent de la « situation extrêmement précaire en ce qui concerne leurs relations avec le continent […] le bateau à vapeur relie l’Île-aux-Moines à Vannes seulement […] ne prend ni les chevaux ni les bêtes à cornes ; voici donc les 20 fermes de l’île, représentant 400 à 500 hectares, dans l’impossibilité de faire le commerce de ces animaux ». Ils demandèrent de rétablir un service de passage avec la pointe d’Arradon comme il en existait un, autrefois et jusqu’à ces dernières années, assuré « par un passeur disposant d’une barque solide et large, entre la pointe du Trech et celle d’Arradon ».
En 1924, une « Reine des îles » et deux demoiselles d’honneur furent élues pour la première fois à l’Île-aux-Moines. Cette même année, des travaux d’élargissement de la cale de débarquement de Toul-in-Dag, ou Toulindac, furent décidés « par suite du grand nombre de passagers et de marchandises, elle est devenue tout à fait insuffisante ». En 1926, les travaux commencèrent.
Un autre monument aux morts porte les noms de 20 personnes mortes pour la France durant la Seconde Guerre mondiale. Parmi elles, deux personnes d’origine juive réfugiées à l’Île-aux-Moines et victimes de la Shoah, des marins et des résistants.
Pendant l’Occupation, ses habitants cachèrent des familles juives permettant de sauver cinq enfants. En 1943, quatre adultes furent arrêtés dont deux moururent en déportation. En 2002, l’association française pour l’hommage aux Justes parmi les nations honora les personnes qui les avaient protégés. Entre 2022 et 2024, l’enquête d’une journaliste de Ouest-France permit de restaurer cette mémoire. La même année, en souvenir de ces déportations, cinq pavés dorés (stolpersteine) furent officiellement posés sur la cale de l’île.
En 2016, une tentative de création d’une entreprise maraîchère échoua, faute de trouver des terres agricoles disponibles. En 2020, aucune activité agricole n’y subsiste.
Le 1er février 2020, un nouveau médecin s’y installa, au bout de deux ans de recherche. Son installation fut difficile en raison d’un logement à lui fournir et du prix de l’immobilier très touristique.
En 2020, elle est la commune de Bretagne où le prix de l’immobilier est le plus élevé ; le prix médian des maisons vendues était de 700 000 euros, devançant de loin Cesson-Sévigné, deuxième commune avec un prix médian de 450 000 euros.
En 2020, des sangliers qui l’avaient envahie, saccageant des jardins, semblent y être partis, à la suite d’une battue organisée en novembre de la même année.
Géographie :
Située donc dans le golfe du Morbihan, elle mesure 6 km de long et 3,5 km de large pour une superficie de 310 hectares. Sa forme est une croix irrégulière. Aucun point de l’île n’est situé à plus de 450 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Les quatre bras de la croix qui la dessine forment à leur extrémité la pointe du Trec’h pour la branche nord, la pointe de Nioul pour la branche sud, la plus longue, la pointe de Brouel pour la branche orientale et la pointe de Toulindac pour la branche occidentale, la plus petite et où s’y trouve son port. Entre ces bras, se trouvent des baies dénommées respectivement anse du Lério pour celle du nord-ouest, anse du Guéric pour celle du nord-est et anse du Vran pour celle du sud-est ; les deux dernières citées sont étendues et contiennent de nombreux parcs à huîtres. Le bourg est situé en son centre, ainsi au croisement des quatre branches. La petite anse du Guip, située à son sud-est, abrite un chantier naval, le « Chantier du Guip », spécialisé dans la restauration et la construction de bateaux en bois comme des bateaux du patrimoine, ainsi que des bateaux de pêche et des yachts. Ce chantier a essaimé à Brest, où se trouve désormais son activité principale, et à Lorient.
Son relief est relativement accidenté et atteint 31 mètres d’altitude entre Kerscot et Kergonan, 20 à 26 mètres dans l’étroite presqu’île du Trec’h au nord et 22 mètres dans celle de Penhap, au sud, y compris à l’extrême sud dans la pointe du Nioul, avec des falaises assez spectaculaires à cet endroit, ainsi que vers Er Boglieux. La presqu’île orientale, celle de Brouel, est plus basse et ne dépasse pas 14 mètres d’altitude et est en majeure partie à seulement quelques mètres au-dessus du niveau de la mer.
Elle présente plusieurs plages, notamment la « Grande Plage » au sud du Lério, la plage de Port Miquel et la plage du Gored, ainsi nommée de par la présence d’un ancien gored, un barrage à poissons en langue bretonne, encore visible principalement à marée basse. Il d’une nasse, un piège destiné à capturer des animaux, surtout des animaux marins, principalement des poissons et des crustacés.
Son étroitesse explique l’absence de réseau hydrographique notable. La commune étant située dans le bassin Loire-Bretagne, elle n’est drainée par aucun cours d’eau.
Elle est essentiellement composée de granit, dont celui-ci fut exploité et servit notamment à certaines constructions de la ville de Vannes.
Des îles annexes y dépendent, dont l’île Creïzic au sud-ouest, l’île Holavre au nord-est et les deux îlots dénommés « îles de Brouel ». Elles sont inhabitées de nos jours, l’île Creïzic ayant été habitée par le passé.
Concernant son habitat, outre le bourg, plusieurs hameaux existaient traditionnellement, les principaux étant ceux de Kerscot, Kergantelec, Kergonan, Locmiquel et Kerno. Un habitat dispersé, constitué de nombreuses résidences secondaires, représentant 72,3 % des logements en 2020, se dissémina dans une bonne section de l’île dès les années 1960. Seules la branche orientale de Brouel et le sud de la branche méridionale, allant à la pointe de Nioul et à la pointe annexe de Brannec, échappèrent en partie à cette rurbanisation ayant transformé ses paysages.
Au 1er janvier 2024, elle est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l’Insee en 2022. Elle est située hors unité urbaine et hors attraction des villes.
Bordée par l’océan Atlantique, elle est aussi une commune littorale au sens de la loi du 3 janvier 1986, dite loi littoral. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dorénavant afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique du littoral, comme ainsi le principe d’inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si le plan local d’urbanisme le prévoit.
Au niveau de ses transports, son réseau de voirie est composé de routes secondaires, souvent peu larges, que seuls les « modes doux » ou les véhicules autorisés par la mairie peuvent emprunter.
Contrairement à sa voisine l’Île d’Arz, les liaisons entre elle et le continent ne font l’objet d’aucune délégation de service public. Elles desservent toutes le port du Lério à son ouest. La principale liaison, vers Port-Blanc à Baden, situé juste en face, fonctionne à l’année sans subvention. Elle est exploitée par la compagnie privée Izenah Croisières, issue du regroupement de plusieurs familles de passeurs en 1989. Les 400 mètres de la traversée sont parcourus en 5 minutes. Le transport des véhicules de moins de 3,5 tonnes est possible les matins de semaine, uniquement sur réservation et sur autorisation de la mairie.
D’autres liaisons sont proposées en saison touristique uniquement vers la gare maritime de Vannes au nord, vers Larmor-Baden (cale de Pen Lanic) ou Locmariaquer (cale du Guilvin) à l’ouest et vers Arzon (Port-Navalo ou cale de Bilouris à Kerners) au sud.
Le port d’Arradon fut autrefois son principal point d’accès, côté de la pointe du Trec’h, avant d’être détrôné par Port-Blanc. Des liaisons entre le port du Lério et Arradon furent proposées par la compagnie Izenah en 2014 et en 2022, mais ne purent pérennisées.
Par ailleurs, en 1980, le Conservatoire du littoral acquit sa pointe méridionale, la pointe de Penhap gérée par la commune.
Enfin, son économie locale repose principalement sur les secteurs de la distribution alimentaire, de la restauration et du souvenir, artisanat, induits par le tourisme estival. En pleine saison, elle voit ainsi sa population décupler, de par la présence de résidences secondaires réservées à l’usage familial ou locatif. Plusieurs activités liées à la pêche et à l’ostréiculture, en plus de son chantier naval, y existent aussi. Et un potier y est installé depuis 2004.
Cf. Wikipédia.
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