L'aconit napel

By CR

Aconitum napellus est une sous-espèce de plantes à fleurs de la famille des Ranunculaceae. Il est la sous-espèce type de l’espèce Aconitum napellus.

Il est aussi désigné sous les noms de capuche de moine, capuchon, coqueluchon, napel, pistolet, sabot du pape, aconit tue-loup bleu, aconit bicolore, tore bleue, casque-de-Jupiter ou casque-de-Minerve.

Cette plante et toute ses variétés sont extrêmement toxiques et mortelles pour les êtres vivants.

Il est connu depuis l’Antiquité pour l’activité toxique de ses alcaloïdes. Il était utilisé pour la chasse ou pour empoisonner l’eau potable.

Dans la mythologie grecque, il est issu de la bave des crocs de Cerbère, chien féroce à trois têtes gardant l’entrée des Enfers et ramené sur Terre par Héraclès.

Dans le mythe de Jason et les Argonautes, Médée s’en sert pour essayer de tuer Jason, lorsque ce dernier manifeste sa volonté de ne plus être son amant.

Durant l’hiver 183 av. J.-C., Hannibal se serait suicidé avec un mélange d’aconit et de ciguë qu’il détenait dans l’une de ses bagues pour éviter d’être livré aux Romains.

Les Gaulois enduisaient leurs flèches avec pour chasser les loups et les ours qui occupaient les forêts.

Au Moyen Âge, il était considéré comme une plante magique associée à la magie noire, crainte par les loups-garous, les vampires et les démons. Il était prescrit par certains rebouteux et guérisseurs à ceux qui se pensaient transformés en loup.

À la Renaissance, la famille Borgia l’employait notamment à cause de l’atroce agonie que son ingestion provoquait.

Cette plante herbacée, vivace et pérenne, atteignant 0,5 mètre à 1,5 mètre de hauteur, est très feuillée, munie d’une racine noirâtre tubérisée et épaisse, en forme de petit navet pointu long de 5 à 10 cm garni de radicelles. Sa tige est dressée, glabre, cylindrique et robuste, portant en son sommet un épi de fleurs caractéristique. Ses feuilles, à 7 ou 8 lobes découpés en fines lanières, de couleur vert foncé, alternes, cunéiformes, profondément incisées, à nervures en éventail, deviennent plus petites vers le haut de la plante.

De juin à septembre, ses fleurs, de couleur bleu-violet, rarement blanches, sont formées par un calice volumineux composé de 5 sépales, dont le sépale supérieur est en forme de casque. La corolle, cachée à l’intérieur des sépales, abrite 2 pétales tubulaires recourbés en forme de « pistolets » ou « char de Vénus » et 3 pétales très petits, réduits à l’état de simples écailles, voire non formés.

Il pousse dans les zones humides des montagnes, surtout au bord des torrents, entre 500 mètres et 2 500 mètres d’altitude. Il préfère ainsi les sols frais et mi-ombragés.

Il se trouve en Europe centrale et orientale, en montagne, ainsi qu’en Asie, dans les plaines à plus de 1 800 mètres d’altitude, comme en Chine, au Japon, en Corée et sur les plateaux de l’Himalaya.

L’espèce n’est pas encore évaluée à l’échelle mondiale et européenne par l’UICN.

En France, elle est classée quasi menacée (NT), proche du seuil des espèces menacées ou qui pourraient l’être si des mesures de conservation spécifiques n’étaient pas prises. Elle figure sur la liste des plantes protégées des départements et régions Île-de-France, Alsace, Centre, Haute-Normandie, Pays de la Loire, Bourgogne, Limousin et Poitou-Charentes.

En Belgique, elle est légalement protégée.

Il est l’une des plantes les plus toxiques du monde. Son empoisonnement fut décrit dès 1845. Toute la plante est vénéneuse. Les molécules toxiques sont des alcaloïdes diterpéniques. L’alcaloïde principal est l’aconitine, dont ses feuilles en contiennent de 0,2 à 1,2 % et ses racines de 0,3 à 2 %. L’aconitine entraîne la mort par paralysie des différents systèmes vitaux, soit respiratoire et circulatoire. Elle engendre aussi, entre autres symptômes des sueurs, une mydriase, une hypersalivation jusqu’à la mort. Il n’existe aucun antidote à cette toxine. Sa racine contient le plus d’aconitine, dont une ingestion de 2 à 3 g de celle-ci est suffisante pour causer la mort.

Il provoque également la mort d’animaux herbivores. Dans le nord du Sikkim, État du nord de l’Inde, dans l’Himalaya, le tibétologue indo-britannique Charles Bell observa l’empoisonnement d’un âne par l’aconit en découpant le bout de ses oreilles et piquant dans ses quartiers arrière. Il rapporta aussi que les Tibétains de la vallée de Chumbi au Tibet prévenaient l’empoisonnement de leurs poneys, mulets, ânes et yaks en frottant des feuilles d’aconit bouillies sur leur bouche et leurs narines ; ce traitement irritant leurs membranes buccales et nasales, ces animaux étaient conditionnés contre la consommation de la plante par la suite.

L’usage de gants est fortement recommandé pour manipuler la plante ainsi que de se laver les mains en cas de contact avec la peau et ne pas se toucher les yeux et la bouche.

Enfin, ses feuilles peuvent être confondues avec celles du Molopospermum peloponnesiacum, aussi appelé couscouil, une apiacée très recherchée pour la consommation en Roussillon. Cependant, ces deux plantes se distinguent facilement lorsqu’elles sont en fleurs. En juin 2018, une telle confusion causa la mort d’un habitant des Pyrénées-Orientales et l’intoxication grave de deux autres.

Cf. Wikipédia.

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