Un scientifique tente de modifier son génome
Josiah Zayner, diplômé de l'Université de Chicago en biophysique moléculaire et ancien employé de la NASA ayant travaillé sur un programme de biologie synthétique, est entré dans l'Histoire en devenant le premier biohacker.
Début octobre dernier, au cours d'une conférence qu'il a tenu à San Francisco et qui a été diffusée sur Facebook, ce savant fou a annoncé qu'il était parvenu à modifier son ADN en vue d'accroître ses capacités musculaires afin de devenir un surhomme.
Il a démontré qu'en utilisant la technique d'édition génétique CRISPR/Cas9, appelée par les spécialistes le "scalpel de la génétique" ou les "ciseaux de l'ADN", très prometteuse en thérapie génétique depuis sa découverte en 2015, il avait réussi à modifier son génome afin de renforcer sa puissance musculaire.
Pour ce faire, il s'est injecté dans l'avant-bras une solution contenant la protéine Cas9 et un ARN guide ciblant le gène de la myostatine, une protéine qui inhibe le développement musculaire ; l'objectif étant de supprimer ce gène et de voir alors si dans le membre en question les muscles vont se mettre à grossir plus que de mesure.
Ce biochimiste a voulu mener cette expérience face caméra afin de prouver que l'édition du génome pouvait être réalisée par le commun des mortels chez lui avec un minimum de matériel.
"Avec cette tentative, Josiah Zayner a franchi un cap dans le "Do it yourself", un terme autrefois réservé à l'informatique et qui évoquait les bidouillages de geeks mais maintenant utilisé pour par les manipulateurs du vivant. Loin d'alerter sur les dangers de telles manipulations, Zayner estime que les choses vont trop lentement dans le "vieux monde de la science" et invite les volontaires à entreprendre toutes sortes de transformations.", a déclaré Joël Ignasse, journaliste du magazine Sciences et Avenir.
Il a d'ailleurs créé la société The ODIN qui commercialise dès lors toute une série de kits permettant de réaliser cette expérience à domicile, y compris l'utilisation de la technique CRISPR.
Même si les travaux du biochimiste intéressent de près le FBI qui échange régulièrement avec lui afin de connaître l'avancée de ses travaux et de ses recherches, la mise en vente de ces kits inquiète les autorités fédérales. Et bien que pour le Professeur George Church à Harvard, spécialiste de la biologie synthétique, Josiah Zayner sache de quoi il parle et trouve extraordinaire cette mise à disposition de tous ces outils d'édition du génome, la communauté scientifique ne partage pas vraiment son avis.
Nombreux scientifiques demeurent très sceptiques côté résultat. Rien ne prouve que des gènes ont bien été supprimés dans certaines cellules, ni combien de cellules ont pu être affectées par l'injection et encore moins si la pratique aura un impact physique. L'usage de la technique CRISPR/Cas9 présente des risques infectieux et inflammatoires si elle est utilisée hors protocole. En outre, cette technique n'a été expérimentée qu'en laboratoire jusqu'alors. Elle n'est donc pas sûre à 100% et le risque de muter un gène voisin pouvant entraîner une maladie, comme un cancer, reste très élevé.
De son côté, évidemment, le biochimiste se défend en affirmant qu'il est encore vivant, malgré les avertissements.
Quant à la Food and Drug Administration (FDA), l'administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments qui est mandatée pour autoriser la commercialisation des médicaments sur le territoire des États-Unis, entre autres, a de suite publié une mise en garde rappelant que toute utilisation de CRISPR/Cas9 sur l'humain "doit faire l'objet d'une approbation et que la vente de ces kits est illégale".
Enfin, on pourrait se demander jusqu'où la folie de certains hommes, scientifiques ou pas, s'arrête-elle afin de combler un évident mal d'être ? Et pourquoi cet individu ne se met-il tout simplement pas au sport ?
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