Balkissa Chaibou

Mon coup de cœur de la semaine est pour cette courageuse jeune femme nigérienne.
Balkissa
Chaibou a été promise en mariage à l'un de ses cousins venant du
Nigeria alors qu'elle n'était âgée que de 12 ans. Mais, désireuse
d'étudier afin de devenir médecin, elle décida de lutter pour ses droits
fondamentaux et rejeta cette union.
Un
parcours de vie très atypique au Niger où la femme n'a encore que très
peu le droit à la parole et surtout à la liberté de sa vie même. Puisque
au Niger, selon un rapport chiffré de l'UNICEF datant de 2013, près de
36% de filles sont mariées de force à 15 ans et 75% à 18 ans.
Balkissa Chaibou a décidé qu'il en serait autrement comme elle l'a témoigné à la BBC :
"Je
suis rentrée de l'école vers 18 heures et ma mère m'a appelée. Elle a
levé le doigt vers un groupe de visiteurs et a dit de l'un d'entre eux :
"C'est lui qui va t'épouser". Je pensais qu'elle plaisantait. Elle a
ajouté : "Vas défaire tes tresses et te laver les mains". C'est à ce
moment-là que j'ai compris qu'elle était sérieuse. […] Quand j'étais
petite, je rêvais de devenir docteur. Prendre soins des gens, porter une
blouse. Aider les gens. […] Ils m'ont dit que si je l'épousais, je ne
pourrais plus étudier. Mais c'est ma passion. J'aime vraiment cela.
C'est là que j'ai réalisé que ma relation avec lui ne marcherait pas."

Alors,
elle continua à travailler très dur à l'école. Mais lorsqu'elle eut 16
ans, des valises et une tenue de mariée l'attendaient. Elle a d'ailleurs
déclaré sur ce fait : "J'ai ressenti beaucoup de peine, ça m'a
brisé le cœur. Je voyais que le luttais pour me réaliser et que ces gens
seraient un obstacle à mon évolution."
À
cet instant-là, elle mit tout en œuvre pour échapper à de cette
situation, car sa mère, malgré la compréhension du désir de sa fille, en
tant que femme, n'avait malheureusement pas le statut pour lui venir en
aide. Balkissa commença alors par négocier avec son père en acceptant
le mariage avec son cousin à condition de ne le voir que pendant les
vacances scolaires jusqu'à l'obtention de son baccalauréat. En vain, son
père refusa car il n'osait pas contrarier la décision de son frère
aîné, ainsi le père du marié ; traditionnellement chez les Touaregs,
ethnie donc de Balkissa, c'est l'enfant le plus âgé, le garçon bien sûr,
qui détient le pouvoir de décision sur ses cadets. Ne sachant plus vers
qui se tourner, Balkissa demanda de l'aide au principal de son lycée,
Moumouni Harouna, qui l'orienta vers une ONG locale, Centre for Judicial Assistance and Civic Action,
qui engagea des actions judiciaires contre son père et son oncle. Au
tribunal, son oncle nia en accusant Balkissa de mensonge tout en
affirmant qu'il ne s'agissait que d'un malentendu. L'affaire fut donc
classée. Mais, lorsque Balkissa rentra chez elle, ce dernier l'a menaça
de la tuer. Cependant, avec la peur du risque de la prison, il décida de
repartir au Nigeria et la jeune femme put aller à l'université. De
plus, grâce à sa persévérance, elle réussit également à changer
l'opinion de ses parents sur les mariages forcés. "Nous en avons fini. Nous en avons peur. Quand une fille grandit, elle peut choisir son mari. Nous ne pouvons pas." a-t-elle souligné.

Âgée
de 19 ans, aujourd'hui, elle poursuit le combat contre les unions
forcées. Elle visite les écoles et rencontre les chefs de tribu afin de
s'entretenir avec eux sur ce gros problème.
Balkissa a d'ailleurs expliqué à un groupe de jeunes filles : "C’est
l’effet papillon. Une fille dit non et les autres s’attroupent et
demandent, "Pourquoi tu as dit non ? […] Je ne dis pas qu’il ne faut pas
se marier. Mais il faut choisir le bon moment. Le conseil que j’ai pour
vous est de vous battre. Je sais qu’étudier n’est pas facile mais vous
devez vous forcer car ces études sont votre seul espoir."
Elle est de même actuellement en école de médecine où doucement elle se rapproche de son rêve.
Enfin,
la représentante des Fonds des Nations Unies, Monique Clesca, a
rapporté une triste mais bien réelle conclusion en donnant à la BBC
les deux raisons essentielles pour lesquelles les mariages forcés
sévissaient toujours dans les pays comme le Niger. La première est
purement économique, car les femmes ont beaucoup d'enfants et les marier
permet d'avoir une bouche en moins à nourrir. La seconde est une
question de croyance très ancrée où le mariage évite ainsi les
grossesses hors union.
Commentaires
Enregistrer un commentaire