Le QS conjoncture le QG


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Le Quantified Self (QS), le "soi quantifié" ou la "mesure de soi", sous l'appellation aussi de personal analytics, est un système développé en 2007 en Californie par deux éditeurs du magazine Wired, Gary Wolf et Kevin Kelly, sous forme de rencontres entre les utilisateurs et les fabricants des outils dédiés au suivi des données personnelles. Ce concept regroupe les outils, les principes et les méthodes permettant à un individu de mesurer ses données personnelles, y compris biologiques (température, pulsions cardiaques, suivi du poids ou encore du sommeil), de les analyser et de les partager. Ces instruments peuvent être des objets connectés, des applications mobiles ou des applications Web.

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Ainsi l'application mobile de suivi fitness Strava, compatible avec des objets connectés, fournit à son utilisateur la cartographie précise de ses parcours de course à pied, une carte de chaleur ultra détaillée des itinéraires les plus arpentés par les coureurs de tous les continents.

Jusque là, aucun problème. Sauf que cette mise à jour de novembre 2017, d'une base de données déjà élaborée en 2015, promise comme "6 fois plus précise" n'a pas révélé que les parcours empruntés par les coureurs. Elle a aussi divulgué par inadvertance les circuits utilisés par les militaires et par conséquent a dévoilé des bases militaires secrètes.

Pas moins de 13 milliards de points GPS pour reconstituer les itinéraires des coureurs. Ce projet titanesque amasse 1 milliard de séances d'activités pour 10 téraoctets (1012 octets), de données brutes. "Au total, les séances cumulées représentent 200 années de courses et couvrent 5 % de la surface du globe", a précisé Drew Robb, ingénieur des données chez Strava, dans une note de blog.

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Dans des agglomérations fortement peuplées, comme la baie de San Francisco, la région parisienne, la banlieue de Moscou, etc., ces données sont celles de civils. Or en zones de conflits, ces dernières peuvent provenir presque exclusivement de soldats en activité, si les populations locales n'ont pas recours à ce genre d'application. Nathan Ruser, analyste à l'Institut pour les analystes de conflits unis (IUCA), créé en 2015, a émis son inquiétude sur Twitter : "Si les soldats se servent de l'application pour enregistrer leurs entraînements quotidiens, comme le font les gens normaux, cela peut s'avérer particulièrement dangereux". Avis d'ailleurs partagé par son confère Tobias Schneider : "En Syrie, les bases militaires sont presque les seules données. De ce fait, les positions russes et américaines sautent aux yeux".

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Enfin, les militaires ont peut-être déjà reçu la consigne de désactiver cette application ou Strava est peut-être également de son côté en train de retravailler son application à la manière de Google Maps qui préfère cacher certaines localisations.

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